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Qui sont les terroristes qui ont enlevé et décapité Hervé Gourdel ?

Dissident d'Al-Qaïda et soutient de l'Etat islamique, le groupe Jund Al-Khilafa a revendiqué, mercredi, la décapitation de ce Français de 55 ans, enlevé, dimanche, en Algérie.

Article rédigé par franceinfo
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Un panneau indique l'entrée d'un village proche de la zone de recherche des ravisseurs de l'otage français exécuté Hervé Gourdel par l'armée algérienne, le 23 septembre 2014, en Algérie. (FAROUK BATICHE / AFP)

Ils se font appeler "les soldats du califat". Des membres du groupe islamiste algérien Jund Al-Khilafa ont revendiqué, mercredi 24 septembre, l'assassinat de l'otage français Hervé Gourdel, enlevé, dimanche, en Kabylie. Cette organisation jihadiste, méconnue, s'est récemment rapprochée de l'Etat islamique (EI). Présentation de ce groupe opérant dans les montagnes du nord de l'Algérie.

Une quinzaine d'hommes d'"une grande sauvagerie"

Peu d'informations circulent sur le groupe Jund Al-Khilafa, qui a fait son apparition en mars. "Le problème des forces de sécurité, c'est qu'elles ne disposent pas du moindre contact ni information sur ce groupe, hormis le nom du chef", a indiqué une source sur place contactée par Libération.

Toutefois, nous avons un ordre d'idée de son effectif. Une source sur place indique à Libération que le groupe ne dépasserait pas une centaine de membres. D'autres spécialistes estiment qu'ils sont une petite centaine. Mais une chose est certaine : ils sont animés "d'une grande sauvagerie".

L'ambition de devenir la première franchise de l'EI

Jund Al-Khilafa s'est fait remarquer sur la scène jihadiste à la fin août, en annonçant par un communiqué avoir quitté Al-Qaïda, dénoncée pour sa "déviance". Ses membres ont, dans ce même texte, proclamé leur allégeance à l'EI et se sont dit prêts à lui "obéir au doigt et à l'œil". En enlevant Hervé Gourdel, quelques heures à peine après l'appel au meurtre de Français lancé par l'EI, Jund Al-Khilafa a voulu concrétiser cette promesse.

"Personne, y compris en Algérie, ne connaissait ce groupe, souligne Imad Mesdoua, analyste politique et spécialiste du Maghreb. En s'attaquant à un Français, ils ont touché le jackpot sur ce plan : ils se sont fait un nom, se sont attaqués à une cible prioritaire de l'EI. En s'alliant avec eux, ils ont pu établir leur image en Afrique du Nord."

Qui sont les ravisseurs d'Hervé Gourdel ? (Z. BOUTET / D. LEVY / A. D'ABRIGEON - FRANCE 2)

Que fera le groupe de sa nouvelle notoriété ? "En se réclamant de l'EI comme on se réclamait hier d'Al-Qaïda, ce groupe se donne un statut et peut mettre en œuvre ses propres objectifs, comme lutter contre le gouvernement algérien", estime le spécialiste de l'islam Gilles Kepel, sur France 2.
 
"Cela va sans doute leur permettre à la fois d'obtenir des financements mais aussi d'attirer de nouveaux combattants", observe auprès du Parisien Fabrice Balanche, directeur du groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

A leur tête, Abdelmalek Gouri, un ancien d'Aqmi

Le principal responsable de l'enlèvement d'Hervé Gourdel serait un ex-conseiller militaire d'Abdelmalek Droukdel, chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Cet homme, Abdelmalek Gouri, alias Khaled Abou Selmane, est âgé de 37 ans. Il est passé par le GIA (Groupe islamique armé) algérien dans les années 1990, avant de rejoindre le GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, qui avait notamment la France dans le viseur. L'organisation est devenue Aqmi à la fin des années 2000.

Abdelmalek Gouri est connu depuis longtemps des autorités. "Il est très surveillé par les services secrets et a donc beaucoup de difficultés à se déplacer", souligne un agent des renseignements au FigaroLe Parisien rappelle qu'"en 1997, il avait été condamné à cinq ans de prison ferme pour son aide logistique aux actions terroristes".

Plus tard, il est repéré par les plus hauts dignitaires d'Aqmi et en devient l'un des douze dirigeants. Abdelmalek Gouri est soupçonné d'être à l'origine des attentats suicides contre le palais du gouvernement algérien et contre un bâtiment de l'ONU, en 2007, à Alger. Il serait également derrière l'attaque qui a coûté la vie à onze soldats, en avril, à Iboudrarène, dans la zone où s'est produit l'enlèvement d'Hervé Gourdel.

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