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Burundi : un expert de l’ONU redoute «de nouvelles atrocités de masse»

C’est un expert de l’ONU qui tire la sonnette d’alarme. Pablo de Greiff prend la parole le 15 septembre 2015 devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies à Genève. Selon lui, la situation au Burundi est en train de dégénérer et pourrait aboutir à de «nouvelles atrocités de masse». (...) «Cela risque d’être la prochaine tragédie africaine», a-t-il averti.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
De nombreux Burundais sont allés rendre un dernier hommage au général Adolphe Nshimirimana tué dans une attaque à la roquette contre sa voiture, le 2 août 2015 à Bujumbura. (Photo AFP/Griff Tapper)

«Dites-moi juste ce que je dois avouer»...
...C’est le titre du rapport d’Amnesty International publié le 24 août 2015, au lendemain de la réélection contestée du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat. Amnesty International dénonce les cas de torture à la barre de fer ou à l’acide contre les opposants du président : «Les détenus sont frappés avec des câbles électriques, matraques, barres de fer, violemment piétinés, menacés de mort ou font l’objet de simulacre d’exécution.» Objectif: extraire des «aveux» et museler l’opposition.
 
Les assassinats ciblés se sont multipliés
La dernière attaque en date a visé le N°1 de l’armée burundaise, le général Prime Niyomugabo, considéré comme un dur du régime. Il a réchappé le 11 septembre 2015 à une embuscade tendue par des hommes en tenue militaire en plein cœur de Bujumbura. Selon l’AFP, qui cite un responsable du service des renseignements, «tous les assaillants ont été identifiés comme étant des soldats. Ce qui signifie clairement que nous avons un grave problème de division au sein de l’armée.»

Les assassinats ciblés qui sèment la terreur dans le pays touchent aussi bien les partisans du pouvoir que ceux de l’opposition.
 
Des habitants de Bujumbura se rendent au cimetière pour enterrer un militant de l'opposition tué le 23 juillet 2015. (Photo AFP/Phil Moore)

Le 2 août 2015, c’est un conseiller et bras droit du président, le général Adolphe Nshimirimana qui a été tué en plein jour dans un attentat à la roquette contre sa voiture. Le lendemain, c’est un activiste des droits de l’Homme, Pierre Claver Mbonimpa qui a été grièvement blessé dans une tentative d’assassinat.
Le 15 août 2015, c’est un ancien chef d’Etat Major de l’armée à la retraite, le Colonel Bikomagu, qui a été abattu devant son domicile par des individus non-identifiés. Des perquisitions et des arrestations se sont multipliées dans la capitale.
 
Bujumbura désertée par les opposants
En quelques semaines, de nombreuses figures de l’opposition et de la société civile ont trouvé refuge au Rwanda voisin. Tous disent craindre pour leur vie comme en témoignent les nombreux journalistes burundais qui ont trouvé refuge à Kigali. Pour le gouvernement burundais, le Rwanda est devenu une base arrière pour ses opposants engagés dans des actions de déstabilisation. Kigali dément formellement.
 
L’opposition appelle à des «sanctions ciblées»
Dans un communiqué reçu par l’AFP à Naïrobi, la principale coalition de l’opposition burundaise appelle à des sanctions internationales «ciblées» contre le président Pierre Nkurunziza et son entourage, accusés d’avoir plongé le Burundi dans un climat de terreur.  Elle lui demande «d’accepter de négocier son départ ou s’entêter… et dans ce cas-là, elle utiliserait tous les moyens légaux pour le chasser, y compris la force militaire.»
 
La sécurité a été renforcée dans la ville de Bujumbura (Photo AFP/Renovat Ndabashinze)

A Bujumbura, le gouvernement a mis en place une commission d’enquête judiciaire qui vient de déposer son rapport. La commission accuse les principaux dirigeants de l’opposition et les responsables de la société civile d’être les meneurs du «mouvement insurrectionnel» qui agite le pays depuis plusieurs mois. Des poursuites judiciaires ne sont donc pas exclues.

Aucune perspective de dialogue. Aucune issue pacifique ne semble pour l'instant à l'ordre du jour. D'où l'appel pressant de l'expert de l'ONU pour les droits de l'Homme Pablo de Greiff à la communauté internationale pour qu'elle prenne ses responsabilités.

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