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En Afrique, la maladie du sommeil transmise par la mouche tsé-tsé est en passe d'être éradiquée

Sur l'ensemble de l'Afrique, unique continent où la maladie est présente, seuls 1000 cas de trypanosomiase humaine (maladie du sommeil) ont été recensés en 2018. Mais, malgré ces données spectaculaires, la vigilance reste de mise.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La mouche tsé-tsé (glossina palpalis) vit en Afrique australe et peut être vectrice d'un parasite à l'origine de la maladie du sommeil, une maladie mortelle. (BLANCHOT PHILIPPE / HEMIS.FR)

Elle semble loin l'époque où, dans les années 90, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recensé un pic de 300 000 malades atteints de trypanosomiase humaine africaine (THA). Causée par un parasite, le trypanosome, qui donne son nom scientifique à la pathologie, et transmise par les piqûres de la mouche tsé-tsé, la maladie du sommeil est mortelle si elle n'est pas diagnostiquée et traitée à temps. Au XXe siècle, elle a provoqué des hécatombes.

Le malade dort le jour, mais plus la nuit

Les progrès du combat contre ce fléau sont tels qu'aujourd'hui le corps médical est optimiste. "Après un siècle de lutte, la maladie du sommeil est en passe d'être éliminée", et "n'est quasiment plus un problème de santé publique en Afrique", se réjouit Dramane Kaba, médecin entomologiste et directeur de l'Institut Pierre Richet (IPR) de Bouaké (centre de la Côte d'Ivoire). "Nous visons l’arrêt de la transmission à l’horizon 2030", annonce-t-il.

La maladie du sommeil épuise ceux qui en sont atteints. Après une phase de fièvre et de maux de tête, le malade dort le jour, mais plus la nuit. Il devient fou quand le cerveau est atteint, puis tombe dans la coma et décède en quelques mois ou quelques années.

La maladie du sommeil peut se réveiller

"Mais attention à ne pas relâcher l'effort", avertit le Dr Kaba. En effet, on a déjà cru une fois vaincre la maladie du sommeil, après une grande campagne menée des années 1920 aux années 1960. "La vigilance s'est ensuite relâchée, et la maladie est repartie", raconte le scientifique.

Endémique dans 32 pays d'Afrique australe, la maladie du sommeil résiste dans certaines contrées comme en République démocratique du Congo, qui concentre 80% des cas, en Guinée, dont les programmes de santé ont été durement ébranlés par la crise de l'épidémie d'Ebola, ou encore dans les zones traversées par des conflits armés.

En revanche, la Côte d'Ivoire est, elle, en pointe dans la lutte contre la trypanosomiase, avec seulement huit cas détectés depuis 2015. Le pays vise l'arrêt de la transmission dès 2025. Pour en arriver là, le pays a tout misé sur la prévention.

Dépistage sous le manguier

Des équipes médicales sillonnent régulièrement les campagnes ivoiriennes pour sensibiliser les populations et détecter les malades. La glossine, nom scientifique de la mouche tsé-tsé, vit en effet le long des marigots et dans les champs, s'épanouissant dans les zones humides et ombragées. Les paysans et leurs familles sont donc les premiers touchés.

Ainsi, mi-octobre, une équipe s'installe pour la journée à Paabénéfla, un village de 500 habitants en pays gouro, dans le centre de la Côte d'Ivoire. Cette zone fut l'une des plus touchées par la maladie. La population est alors appelée par mégaphone à venir se faire dépister sous le grand manguier, en face de la maison du chef du village. Puis on lui prélève une goutte de sang, qui est immédiatement analysée à l'aide d'un petit laboratoire de campagne. Si c'est positif, des examens plus poussés seront effectués à l'hôpital de Sinfra, la ville voisine.

Une affection qui suscite peu de dons financiers

Le traitement par injections ou par perfusion (suivant le stade de la maladie), assez lourd, nécessite une hospitalisation d'une semaine à dix jours. Il est gratuitement fourni par l'OMS dans toute l'Afrique. Par ailleurs, un traitement révolutionnaire avec un seul comprimé en prise unique est en phase de test, précise Brice Rotureau, parasitologue et chercheur à l'Institut Pasteur de Paris, en mission en Côte d'Ivoire.

"Il y a vraiment moyen d'éliminer la trypanosomiase. Mais cette maladie ne suscite pas beaucoup l'intérêt des bailleurs de fonds. Or nous avons encore besoin de leur soutien, car c'est un défi crucial de dépister et traiter les derniers cas pour en finir avec la maladie", plaide de son côté Vincent Jamonneau, chercheur-parasitologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD-France), détaché à l'Institut Pierre Richet de Bouaké.

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