La Côte d'Ivoire entend doper son activité touristique
Le tourisme ivoirien ne fait plus autant recette qu'il y a quelques décennies. Les crises qui ont ravagé le pays depuis une vingtaine d'années sont passées par là. Les autorités tentent donc d'inverser la tendance.
"Notre ambition, c'est de devenir la 5e destination touristique africaine", déclare le ministre ivoirien du Tourisme, Siandou Fofana, cité par l'AFP. Il entend faire passer l'activité, qui représente aujourd'hui 5,5% du produit intérieur brut, à 12% du PIB à l'horizon 2025. Et ainsi "créer 365 000 emplois contre 270 000 générés en 2016".
D'ici 2025, la Côte d'Ivoire entend faire venir 5 millions de touristes étrangers en visant d'abord la France, les Etats-Unis et la Chine. Pour atteindre cet objectif, le pays a lancé un ambitieux programme, appelé "Sublime Côte d'Ivoire", d'un coût de 3200 milliards de francs CFA (4,8 milliards d'euros).
"Offre touristique peu développée"
Selon une étude du cabinet McKinsey réalisée pour le compte du ministère, le pays a "une position très robuste sur le tourisme d'affaires, à la 3e place (derrière le Nigeria et le Maroc, NDLR) en Afrique, avec un potentiel de développement encore élevé". Dans le même temps, il possède "un potentiel de tourisme de loisirs domestique à exploiter, à la fois en volume et en valeur (22% des visites en 2016, mais seulement 8% des revenus)".
L'étude note par ailleurs "une offre touristique peu développée et encore trop centrée autour d’Abidjan, qui concentre 60% des chambres d’hôtels du pays". Ainsi qu'"un faible nombre de sites touristiques de potentiel international, avec un net retard en termes de qualité d’offre par rapport aux concurrents internationaux". La Côte d'Ivoire possède cependant quatre sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco : la ville historique de Grand-Bassam, les parcs nationaux de la Comoé et de Taï, la réserve naturelle intégrale du mont Nimba.
Les problèmes des infrastructures
De son côté, Siandou Fofana met l'accent sur San Pedro (sud-ouest), entouré de belles plages. A ses yeux, le deuxième port du pays est "stratégique pour le développement touristique en Côte d'Ivoire".
L'étude de McKinsey constate "de fortes lacunes, notamment sur les infrastructures de tourisme". Conséquence, pour développer la zone de San Pedro, "nous avons des infrastructures à réaliser : construire et réhabiliter l'axe San-Pedro-Abidjan par la côtière à partir de cette année 2019 (plus de 200 km à revêtir avec une couche bitumineuse), agrandir l'aérogare de San-Pedro, construire un chemin de fer", fait valoir le ministre du Tourisme.
Actuellement, la route côtière qui passe par Sassandra, ville elle aussi au fort potentiel touristique, est en piteux état, voire impraticable. Les véhicules désirant rallier San Pedro depuis Abidjan préfèrent emprunter un long détour par Gagnoa et Soubré (sud-ouest).
"Sur les 3200 milliards à mobiliser, 1500 milliards (environ 2,3 milliards d'euros) seront consentis par l'Etat Ivoirien et le reste par des investisseurs privés. Essentiellement, 482 milliards de francs CFA (735 millions d'euros) seront consacrés à la région de San Pedro pour la réalisation des infrastructures hôtelières", a précisé le ministre ivoirien.
Pour développer le tourisme dans cette région (et ailleurs), les autorités ont aussi apparemment de gros progrès à faire en matière d'information. Pour l'instant, un site (apparemment officiel) comme Côte d'Ivoire Tourisme, et plus spécifiquement celui consacré à "la région de San Pedro", sont inaccessibles...
Manque de divertissements
La Côte d'Ivoire a encore "des difficultés à organiser des grands sommets et exploiter un potentiel de tourisme de loisirs porté par la classe moyenne à la fois en volume et en valeur", selon l'étude. "La classe moyenne africaine va s’accroître et celle-ci est avide de dépaysement, de divertissements et de découvertes", explique Siandou Fofana (cité par Jeune Afrique).
Dans le même temps, l'étude a révélé "un manque d'offre de divertissement dans la sous-région", en clair en Afrique de l'Ouest. Pour combler ce retard, le ministre révèle (dans Jeune Afrique) que son pays va "créer un grand parc d’attractions, Akwaba Park, à Port-Bouët (une des communes d'Abidjan, NDLR), sur 100 ha, que l’Etat met à disposition."
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