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Elie Kamano, Master Soumy, Luaty Beirão… ces artistes militants qui dérangent
Le chanteur de reggae guinéen Elie Kamano a été arrêté le 17 Juillet 2017 pour avoir participé à une manifestation non autorisée contre le président Alpha Condé. Sur le continent africain, les artistes sont de plus en plus nombreux à s’engager pour défendre la démocratie et jouer la résistance citoyenne à leurs risques et périls.
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«Laisse la Constitution, dit bye bye à la nation. Ne brûle pas la maison, t’as plus de solutions…» Les paroles du chanteur Elie Kamano sont simples et directes et s’adressent aux hommes politiques qui ont la «boulimie du pouvoir». L’artiste vise plus particulièrement le président de son pays Alpha Condé qui serait tenté, comme beaucoup d’autres avant lui, de modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat. Cet ancien opposant notoire arrivé au pouvoir en Guibée en 2010 puis réélu en 2015 a récemment mis en doute la pertinence de la limitation des mandats en Afrique.
Elie Kamano, le reggaeman guinéen plusieurs fois arrêté
Pour couper court à une éventuelle modification de la Constitution, le chanteur Elie Kamano a appelé à une marche pacifique. Il a été arrêté, mis en examen et inculpé d’attroupement interdit avant d’être relâché. C’est la troisième fois qu’il est interpellé pour son action politique. Mais rien ne l’arrête. «Celui qui s'oppose a ce système devient un bouc émissaire ou un ennemi à répugner ou à éliminer. Ma peur n'est pas de me voir tomber pour ce pays, ma peur est de voir ce pays tomber par mon silence», peut-on lire sur sa page Facebook.
Luaty Beirao, le rappeur angolais condamné à un an en prison
En Angola, le rappeur Luaty da Silva Beirão, connu sous le nom d’Ikonoklasta, a lui passé un an derrière les barreaux pour avoir réclamé des changements dans son pays. Arrêté en juin 2015, il avait été accusé de rébellion et tentative de coup d’Etat contre le président José Edouardo Dos Santos qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1979.
L’artiste avait fait une grève de la faim de plus d’un mois qui avait eu un retentissement international et conduit au final à son amnistie. Cette expérience reste un moteur pour son combat. «Nous étions privés de liberté, mais nous nous battions pour montrer que l’Angola n’est pas la démocratie qu’elle essaye d’afficher aux yeux du monde», affirme-t-il à Libération.
Master Soumy, le rappeur malien inquiet pour la démocratie
«Touche pas à ma Constitution.» C’est le nouveau combat du jeune chanteur malien Master Soumy qui en a fait une chanson. L’artiste engagé est en première ligne de toutes les manifestations contre la révision de la Constitution. Le projet prévoit plusieurs changements institutionnels qui renforceraient les pouvoirs du président Ibrahim Boubacar Keïta, selon l’opposition.
Master Soumy se dit aujourd’hui inquiet de la situation dans le pays où il est de plus en plus difficile, selon lui, de s’exprimer; «Pour rien au monde, je ne vais laisser des personnes mal intentionnées qui ne pensent qu’à eux seuls détruire mon pays. Si je dois mourir pour la prospérité du Mali qu’il en soit ainsi» précise-t-il à Mali actu.
Elie Kamno, Luaty Beraro ou Master Soumy, ces chanteurs qui s’opposent et dérangent ont sans doute été inspirés par d’autres artistes africains comme l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly, le Sénégalais Didier Awadi ou le Burkinabè Smockey qui ont opté pour une voix politique qui continue de faire écho.
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