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Afrique du Sud : des milliers de mineurs malades de la silicose obtiennent plus de 300 millions d'euros d'indemnités

Un accord en ce sens est intervenu après des années de batailles judiciaires. Les mines d'or africaines, parmi les plus dangereuses au monde, sont en déclin.

France Télévisions
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Dans une mine d'or à Westonaria (sud-est de l'Afrique du Sud), le 3 avril 2017. (REUTERS - MIKE HUTCHINGS / X00388)

Un tribunal sud-africain a approuvé le 26 juillet 2019 un accord garantissant une indemnisation financière de cinq milliards de rands (316 millions d'euros) à des milliers de mineurs. Ceux-ci avaient intenté un recours collectif après être tombés malades de la silicose dans les mines d'or de six géants du secteur.

Cet accord garantit des dommages et intérêts à ceux qui ont travaillé dans les mines incriminées de mars 1965 à aujourd'hui. Soit potentiellement à plus de 100 000 ex-mineurs ayant contracté une infection pulmonaire ou à leurs familles. "Nous sommes très, très heureux. Nous sommes de pauvres gens et cela va nous aider", a réagi l'un des mineurs, cité par le Guardian.

L'action en justice concerne six sociétés : African Rainbow Minerals, Anglo American SA, AngloGold Ashanti, Gold Fields, Harmony et Sibanye Stillwater. "Toutes les parties ont fait un effort pour que l'accord soit raisonnable, acceptable et équitable", selon la Haute Cour de Gauteng à Johannesburg. "Les négociations ont permis d'aboutir aux meilleures conditions possibles", a-t-elle ajouté.

Cet accord est le résultat d'années de batailles judiciaires. Et ce depuis que la Cour constitutionnelle a décidé en 2011 que les mineurs qui avaient souvent accepté de petites compensations pouvaient encore attaquer en justice les groupes concernés.


Dans la mine d'or de Masimthembe à Westonaria (sud-ouest de l'Afrique du Sud) le 3 avril 2017 (REUTERS - MIKE HUTCHINGS / X00388)

"On estime que quelque 500 000 anciens mineurs sud-africains et venus des pays voisins (Lesotho, Swaziland et Mozambique notament, NDLR) ont contracté (la silicose) après des années passées à creuser dans des tunnels étroits", rapporte le Guardian. "Nombre d'entre eux se sont retrouvés au chômage après avoir été licenciés par des compagnies minières depuis 1965."

Secteur minier en déclin dans une économie qui traverse une mauvaise passe

Pendant plus d'un siècle, l'Afrique du Sud a été le premier producteur d'or au monde avant de tomber à la 8e place aujourd'hui. "Un tiers de tout le métal précieux en circulation dans le monde" en serait originaire, croit savoir le quotidien britannique. Les mines du pays sont parmi les plus profondes (parfois jusqu'à 3000 m de profondeur) et les plus dangereuses au monde. Elles ont attiré des travailleurs de toute la région pendant les 130 années qui ont suivi la découverte des plus grandes réserves d'or du monde. Résultat : 75% des exploitations ne sont plus rentables, constate le Conseil des industries minières.

Ce déclin touche l'ensemble du secteur minier, lequel a assuré la richesse industrielle du pays jusque dans les années 2000. "Au meilleur des années 1980, le secteur a employé jusqu'à 760 000 salariés et contribué jusqu'à hauteur de 21% au Produit national brut (PNB). Ses effectifs ont fondu à 460 000 en 2017 et il ne fournit plus désormais que 10% du PNB...", constate le site du Point. "Pour résister, les compagnies minières tentent d'exploiter le fer, le manganèse et surtout le platine, dont l'Afrique du Sud détient l'essentiel des réserves mondiales."


Un puits de mine fermé à Welkom dans le centre de l'Afrqiue du Sud le 18 mai 2016 (THEMBA HADEBE/AP/SIPA / AP)

Conclusion de l'hebdomadaire : "Le secteur doit d'urgence être réformé." Une réforme difficile dans un pays dont l'économie traverse une mauvaise passe. Au premier trimestre, l'économie sud-africaine s'est contractée de 3,2%. Le plus fort recul enregistré depuis 10 ans...

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