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Afrique du sud: le groupe public d'électricité, plombé par la dette, contraint à des coupures massives

EndettĂ©e Ă  hauteur de 27 milliards d'euros et incapable de rĂ©nover ses usines vieillissantes, l’entreprise publique d'Ă©lectricitĂ© Eskom est contrainte Ă  des dĂ©lestages massifs pour Ă©viter un effondrement total du rĂ©seau. La production d'Ă©lectricitĂ© a Ă©tĂ© rĂ©duite de 4000 mĂ©gatwatts. Le principal syndicat a appelĂ© Ă  une grĂšve gĂ©nĂ©rale pour l'emploi le 13 fĂ©vrier 2019.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Marche des habitants de Soweto contre la hausse des prix de l'électricité fixés par l'entreprise d'Etat Eskom la rendant inabordable pour beaucoup d'entre eux. Photo prise en mai 2015. (SIPHIWE SIBEKO / X90069)

L’Afrique du Sud est confrontĂ©e Ă  un dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique chronique qui plonge rĂ©guliĂšrement de vastes rĂ©gions dans le noir et pĂ©nalise l’économie. Partout dans le pays, la production d'Ă©lectricitĂ© est sĂ©vĂšrement perturbĂ©e, avec des dĂ©lestages massifs.

Le secteur énergétique est sinistré, victime de mauvaise gestion des fonds publics qui ont caractérisé le rÚgne de l'ex-président Jacob Zuma (2009-2018). Le groupe public affiche une dette abyssale de 419 milliards de rands (plus de 27 milliards d'euros). 

Alors que l’entreprise perd un milliard de rands par mois, sa capacitĂ© Ă  rĂ©duire ses charges de personnels est limitĂ©e par de puissants syndicats qui ont fait Ă©chouer la tentative de geler les salaires des 50 000 employĂ©s. La Cosatu, CongrĂšs des syndicat sud-africains, a appelĂ© le 13 fĂ©vrier 2019 Ă  une grĂšve nationale contre les suppressions d'emplois dans le secteur public.

A son arrivĂ©e au pouvoir, en dĂ©cembre 2017, le prĂ©sident Ramaphosa a nommĂ© un nouveau conseil pour rĂ©habiliter Eskom. Une nouvelle direction a pris des mesures pour Ă©liminer la corruption endĂ©mique: 14 hauts cadres et 99 autres employĂ©s, impliquĂ©s dans des actes fautifs, ont quittĂ© l’entreprise, de nombreux autres ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s et 12 affaires pĂ©nales ont Ă©tĂ© ouvertes.

Les pénuries d'électricité pénalisent l'économie

Eskom fournit 90% de l'électricité produite en Afrique du Sud, pour l'essentiel avec des centrales à charbon vieillissantes. L'entreprise nationale a repoussé trop longtemps les travaux de maintenance, faute de moyens financiers et de personnels qualifiés. Elle n'a pas investi suffisamment, rendant les coupures d'électricités inévitables. Les centrales manquent de charbon. Les mines, viellissantes elles aussi, sont de moins en moins productives.

Le président Cyril Ramaphosa a récemment dévoilé les grandes lignes d'un plan de sauvetage d'Eskom qui prévoit sa séparation en trois entités distinctes. "Eskom est en crise et fait peser un grand risque sur toute l'Afrique du Sud", a-t-il justifié .

Le groupe symbolise Ă  lui seul la situation catastrophique de la plupart des entreprises publiques du pays. Cyril Ramaphosa a changĂ© les directions de plusieurs groupes profondĂ©ment endettĂ©s et gangrĂ©nĂ©es par la corruption. Que ce soit chez le gĂ©ant des transports Transnet ou la compagnie aĂ©rienne South Africa Express Airways. Cette derniĂšre, au bord de la faillite, est devenue le symbole de la "prĂ©dation et de la gabegie" reprochĂ©e Ă  l’ancien prĂ©sident Jacob Zuma, toujours au cƓur de multiples scandales.

De leur cĂŽtĂ©, l’universitĂ© ou Ă  la tĂ©lĂ©vision ne vont pas mieux. 

L'ensemble du secteur public sud-africain est en pleine dĂ©route et n’arrive mĂȘme plus Ă  payer son personnel.

A trois mois des élections générales du 8 mai, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a exigé un débat urgent au Parlement sur la situation d'Eskom, qualifiée de "principale crise" qui menace l'Afrique du Sud.

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