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Barrage de la Renaissance : le Soudan est lui aussi un don du Nil !

Le Grand barrage de la Renaissance en construction sur le Nil en Ethiopie provoque  des remous. Mais le dossier ne se limite pas à l’Egypte, grand bénéficiaire du fleuve, ni à l'Ethiopie. Le Soudan a lui aussi son mot à dire.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Selon l'Ethiopie, le barrage de la Renaissance sur le Nil bleu est construit à 70%. Sur la photo prise le 26 septembre 2019, on voit que les eaux du fleuve ne sont pas encore retenues. (TIKSA NEGERI / X03719)

Le tumultueux Nil bleu assure 80% du débit du fleuve quand il rejoint le Nil blanc à Khartoum, la capitale du Soudan. Et si les crues du Nil ont fait la richesse agricole de la basse Egypte, les agriculteurs soudanais, eux, s’en plaignent. Aussi, la construction du barrage est pour les agriculteurs une excellente nouvelle. Ils y voient un puissant outil de régulation, qui permettra d’éviter des inondations destructrices.

"Le Nil Bleu est très imprévisible. Une nuit, il est là et le lendemain, il sera parti ailleurs. Il monte si vite que parfois, la plantation est inondée avant que nous ayons le temps de la couper", explique à l’AFP Ousmane Idriss, un fermier de Jouref Gharb, près de Khartoum. Plus régulier, le fleuve permettra d’irriguer plus longtemps sur l’année les champs et ainsi d’augmenter les rendements.

Le Soudan compte également sur l’électricité fournie par le barrage. Une électricité que l’Ethiopie entend vendre à ses voisins. Le Soudan deviendrait alors un pays de transit et pourrait toucher des royalties.

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Reportage AFP TV

Quant à l’avenir des briquetiers installés sur les rives limoneuses du fleuve, personne ne semble s’en préoccuper. Ils sont pourtant des milliers à vivre de cette activité traditionnelle tout le long du fleuve. Mais la fumée épaisse qui sort des fours artisanaux ne plaît pas à tout le monde, et certains aimeraient voir disparaître cette activité, au profit de l’agriculture.

Longtemps, l’Egypte a joué la victime de l’aval du fleuve, soudainement privée d’eau par la retenue. Le Soudan, fidèle allié, lui a emboîté le pas, rappelant les traités de l’ère coloniale qui donnaient la part du lion aux deux pays. "Le traité de 1929 interdisait toute construction hydroélectrique et tout plan d’irrigation sur les affluents du Nil et ses lacs, dans les pays riverains, sans le consentement du Caire", explique La Libre Belgique. Un autre traité, en 1959, accordait 66% de l’eau du Nil à l’Egypte et 22% au Soudan.

Vers un accord

Bonne nouvelle, les trois pays concernés se parlent désormais. Ils sont convenus de tenir quatre réunions techniques et de travailler à un accord pour le 15 janvier 2020. Il doit porter sur la vitesse de remplissage du barrage, entre trois et cinq ans pour Addis-Abeba, sept ans réclamés par le Caire. Une durée qui impacte bien sûr sur le débit aval du fleuve. L’Egypte réclame 40 milliards de m³ par an, craignant s’il y a moins, des conséquences économiques sur l’agriculture.

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