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En Côte d’Ivoire, leader africain, les planteurs d’hévéa espèrent rebondir

La Côte d’Ivoire se partage entre inquiétude et espoir pour l’avenir de sa seconde richesse après le cacao. Le pays est désormais septième producteur mondial de latex, et premier en Afrique. Mais les cours sont particulièrement volatils. Ils ont touché un plus bas qui a découragé de nombreux planteurs. Chacun attend des jours meilleurs.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Récolte du latex en Côte d'Ivoire. (AFP/Sia Kambou)

L’histoire du caoutchouc en Côte d’Ivoire est récente et tourmentée. Aujourd’hui septième producteur mondial et premier d’Afrique, le pays n’a réellement lancé sa production que depuis une dizaine d’années.
L’hévéa est arrivé ici quand la France a dû quitter l’Indochine, au début des années cinquante. Il fallait une nouvelle source d’approvisionnement pour la filière française du pneumatique. Mais les plantations vivotent jusqu’en 2009.
Un ambitieux plan de développement de l’hévéaculture d’un montant de 40 millions d’euros, a alors permis de créer de nouvelles plantations. En tout 110.000 hectares ont été plantés.

De cinq à un dollar le kilo
Longtemps anecdotique, la production est désormais en constante progression, estimée à 20% pour les trois années à venir. La Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH) est le premier producteur de caoutchouc naturel en Afrique de l’Ouest. Elle produit 163.000 tonnes à la fois sur des plantations industrielles en propre (21.500 hectares) et grâce à 29.000 planteurs indépendants qu’elle encadre et qui assurent 75% des apports.
Dans un premier temps, la filière s’est développée, portée par des cours mondiaux particulièrement élevés. A cinq dollars le kilo, les planteurs abandonnent alors le cacao et se tournent vers l’hévéa. D’autant que l’arbre, que l’on saigne pour faire couler le latex, produit dix mois sur douze. Il faut sept ans avant que l’hévéa soit exploité. Une fois démarrée la production, l’arbre peut donner du latex pendant une trentaine d’années.
 
Mais les périodes de vaches maigres vont vite surgir, en raison d’une hausse de la production mondiale. En trois ans, celle-ci est passée de 9 à 13 millions de tonnes. Mais la demande n’a pas suivi, et fatalement les cours se sont écroulés. Ils se fixent aujourd’hui autour de 1,5 dollar le kilo. La tendance serait à un léger rebond après un creux de 21 mois.
 
Manque de «saigneurs»
De quoi décourager les petits planteurs ivoiriens. D’autant que la filière souffre également d’un manque de professionnels, ceux qui recueillent le latex, les «saigneurs». On manque de «saigneurs», de forçats devrait-on dire. Des hommes à tout  faire : saignée, mais aussi récolte, transport de la matière brute, désherbage… Selon Abidjan Press, qui rapporte les propos d’Eugène Kremien, président des industriels de la filière, «20 à 30% des plantations ne sont pas couvertes par des saigneurs». Ce manque de main d’œuvre, explique le site d’information, vient du fait que les Burkinabè qui faisaient ce travail ont fui le pays lors des crises.
 
Aujourd’hui il y a 160.000 saigneurs pour couvrir les 400.000 hectares de plantation. Il en faudrait 50.000 de plus. Faute de quoi la filière ne se développera pas. Reste à savoir si le rebond des cours est durable dans un secteur où les prix font traditionnellement le yoyo.

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