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Ghana: l'heure du café sonne à nouveau

Depuis une trentaine d'années, il n'y en avait plus que pour le cacao, appelé à la rescousse d'une économie défaillante au Ghana comme en Côte d'Ivoire. Tant et si bien que ces pays sont devenus respectivement deuxième et premier exportateur mondial de graines de cacaoyer. Mais depuis 2010, le cacao sombre peu à peu, victime de la chute des cours. Et aujourd'hui, la culture du café est relancée.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un caféier de la variété Robusta dans une ferme de Leklebi Agbesia, région de la Volta (est du Ghana). (CRISTINA ALDEHUELA / AFP)

Si des millions de personnes sur Terre ne peuvent se passer du café du matin, cette habitude n'est pas si répandue dans les petits villages d'Afrique de l'Ouest. La région de la Volta, dans l'est du Ghana, fait pour l'instant figure d'exception.

C'est là que les planteurs de cacao ont ressuscité la culture du café, autrefois courante dans cette ancienne colonie britannique.

Au cœur des montagnes verdoyantes, les plantations de café, introduites dès le XVIIIe siècle, avaient quasiment disparu après l'effondrement des cours sur les marchés mondiaux dans les années 80, selon Michael Owusu-Manu, chercheur agronome ghanéen. 

Le rendement du cacao n'est plus ce qu'il était
En conséquence, les agriculteurs se concentrent alors exclusivement sur le cacao, faisant du Ghana le deuxième exportateur au monde en la matière, derrière son voisin ivoirien.
 
Mais, au début des années 2010, le cacao, à son tour, connaît la désaffection des cours. Afin d'atténuer les effets négatifs des soubresauts boursiers de la graine de cacaoyer, le gouvernement ghanéen décide de diversifier l'agriculture et de relancer la plantation de caféiers dès 2011. 
 
Une initiative plutôt bien inspirée car la demande ne cesse de grandir sur le marché international: la consommation mondiale augmente de 1,3% chaque année depuis 2012, selon l'organisation internationale du Café (OIC).

Aider le café ghanéen à percer... au Ghana
L'Etat ghanéen a donc aidé à reconvertir 2.400 hectares de plantations, à 200 kilomètres au nord-est d'Accra, la capitale, en faisant don des premières semences de café à de petits agriculteurs et en leur fournissant des engrais pour démarrer cette production. Quatre ans sont nécessaires pour récolter les premiers fruits.
 
Cette production locale de robusta, réanimée mais récente, limitée et peu connue, peine toutefois à percer dans l'ensemble du Ghana, où les consommateurs ont leurs habitudes avec le café importé lyophilisé. Pour Michael Owusu-Manu, le chercheur agronome, il faut désormais déployer une vraie stratégie marketing nationale.
 
Le jeunesse branchée des villes est très demandeuse
Têtes de file de cette promotion, les coffee shops, qui se développent de plus en plus dans toutes les grandes villes africaines, aident le café ghanéen à se révéler. C'est la jeunesse branchée des villes, à l'instar de celle que l'on trouve en Europe et aux Etats-Unis, qui fait progresser la consommation du nectar.
 
Les investisseurs étrangers sont attirés. Ainsi, le canadien Second Cup a ouvert son premier café au Ghana en 2014, et en possède désormais six autres à Accra, tandis que le sud-africain Vida e Caffe, déjà présent dans sept pays d'Afrique, a ouvert lui aussi dans la capitale ghanéenne en 2015.


Depuis quelque temps, c'est au tour des Ghanéens eux-mêmes de mettre en valeur la production caféière de leur pays. En 2015, à peine sortie de l'université, la jeune Emi-Beth Aku Quantson a monté sa start-up «Kawa Moka» autour du robusta ghanéen en ouvrant des adresses aux endroits stratégiques d'Accra, avec une clientèle de jeunes – et moins jeunes – cadres pressés, un peu à la new-yorkaise. Et ça marche.
En 2016, elle gagnait la 3e place de l'Africa Cup des start-ups.

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