Guinée Equatoriale : le désarroi des habitants de Malabo privés de "Djibloho"
La mise à quai définitive de l'unique bateau public reliant la capitale de Guinée Equatoriale à la deuxième ville portuaire du pays, située sur sa partie continentale, ne fait pas les affaires des habitants de l'île de Bioko.
Après vingt ans de bons et loyaux services, le Djibloho, vieux cargo bleu de 104 mètres de long, ne quittera plus le port de Malabo. Son directeur l'a annoncé début février, estimant que le bateau ne garantissait plus "la sécurité et les biens" des quelque 500 passagers qui l'empruntaient chaque semaine, les bras chargés de colis et de marchandises.
Son état de délabrement est tel, qu'aucune réparation ne peut être envisagée, a déclaré à la télévision nationale l'un des fils du président Teodoro Obiang Nguema au pouvoir depuis 1979.
Mais pour les Equato-Guinéens, peu fortunés, ce bateau public était leur seule chance de voyager entre la capitale, insulaire, et Bata, ville portuaire, la deuxième de ce pays d'Afrique centrale dont la moitié du million d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.
"Le bateau du peuple"
Natalia Obona, 35 ans, regrette le Djibloho, qui "était bien pour ceux qui n'ont pas d'argent, comme nous. C'était le bateau du peuple, c'était pour nous."
Elle n'a pas les moyens de Les compagnies privées facturent la traversée entre 30 000 et 70 000 francs CFA (entre 45 et 105 euros), alors qu'elle coûtait autour de 14 000 francs CFA (20 euros), soit près de deux fois moins, sur le Djibloho.
Autres inconvénients dont se plaignent les habitants : le doublement du prix de certaines denrées importées du continent, comme le tomates. Plusieurs restaurants ont vu leur chiffre d'affaires chuter de 25% : les tortues de forêt ne figurent plus sur les menus – de quoi décevoir les habitués –, tandis qu'au marché de Malabo, la viande de brousse, importée du continent, a disparu des étals, selon l'AFP.
"Djibloho", transporteur de produits agricoles
La plupart des biens de consommation importés transitent par la zone dite des trois frontières entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. A partir de ces pays, ils étaient chargés à bord du Djibloho, plus grand transporteur de produits agricoles provenant de Kye-Ossi, localité sud-camerounaise et grande porte d'entrée dans la région du Sud.
Malgré le désarroi des habitants, l'acquisition par l'Etat d'un nouveau cargo n'est pas à l'ordre du jour. Les recettes publiques ayant fondu depuis la baisse du cours du pétrole en 2014.
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