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La Russie pousse hors d’Afrique le blé français

Il y avait des signes avant-coureurs, et la très mauvaise récolte de blé en 2016 en France n’a fait que renforcer le processus. Lentement, le blé originaire de Russie prend la place du blé français en Afrique. Seul pays qui résiste, l’Algérie, où le cahier des charges n’est pas compatible avec le blé russe.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Moisson en Russie (Sputnik)

France, ton blé fiche le camp. Grâce aux volumes produits, les blés russes sont devenus la référence mondiale. Leur qualité ne cesse de progresser, et grâce à la taille des exploitations, leur prix de revient est 30% moins élevé que le blé français. Résultat: alors que la campagne de commercialisation du blé récolté en 2017 touche à sa fin, l'organisme FranceAgriMer estime à 6 millions de tonnes la quantité de blé français écoulée dans les pays hors Europe, essentiellement en Afrique, contre près de 10 millions de tonnes il y a deux ans, année certes record en termes de production.
 
«Après la mauvaise récolte de blé français en 2016, le blé russe a eu l'opportunité de rentrer dans notre marché. On l'a essayé, on a trouvé qu'il entrait dans notre cahier des charges. Depuis, on travaille à 100% avec du blé russe», a témoigné Imad Talil, du groupe sénégalais Olam, lors d'un récent colloque organisé par France Export céréales à Paris.
 
Pas de regrets donc, tel est le business. Le prix et le taux de protéines du blé russe ont fait le reste. Seule l’Algérie, premier débouché hors Europe du blé français, fait de la résistance. Non pas par nostalgie, mais pour une raison de normes en ce qui concerne la protection de la céréale contre les charançons. Une interdiction d’importation qui ne saurait durer.
 
«Il faut relativiser l'histoire d'inquiétude ou de déclin de la France sur ces marchés», réagit à l'AFP Sébastien Abis, chercheur associé à l'Iris. Pour ce spécialiste des matières premières agricoles, «la France reste autour de la Méditerranée l'une des nations qui contribuent aux équilibres alimentaires et céréaliers de ces pays fortement dépendants des marchés internationaux».

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient représentent 4% de la population mondiale, mais près de 35% de l'importation mondiale de blé. A priori donc, et en raison de la hausse de la consommation, il y a de la place pour tout le monde à condition que la France ne quitte pas un jeu jugé moins fondamental en France qu’en Russie.

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