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Maroc: à Jerada, le charbon reste le meilleur ennemi de l’homme

Jerada est le dernier lieu en date de contestation sociale au Maroc. Une nouvelle fois, une région pauvre réclame l’aide du pouvoir. Ici c’est la mort, en décembre 2017, de deux mineurs clandestins dans une mine illégale qui a fait descendre la population dans la rue.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Le charbon a fait la gloire de Jerada et… son malheur. Ici, c’était le charbon et rien d’autre, depuis que la société belge Ougré Marihay a découvert le bassin houiller en 1927. Le premier puits est achevé et l’extraction commence en 1936. La population de la ville va grossir au fur et à mesure de la montée en puissance de l’extraction, qui atteindra 350.000 tonnes en 1953. Parallèlement, le syndicalisme s’est fortement développé, faisant de Jerada un bastion de la revendication sociale.

Officiellement, les mines ont fermé en 1990, laissant 9000 personnes sur le carreau. Entre chômage, maladies professionnelle, reconversion industrielle difficile, émigration et minage clandestin, la ville tente de survivre tant bien que mal. La population a chuté de 60.000 habitants à 45.000 aujourd’hui. Une centrale thermique assure l’essentiel de l’activité.


Pour survivre il y a également le charbon, en mode officieux. «Bien qu’elle soit illicite, cette forme d’exploitation fait quand même l’objet de permis de recherche attribués à des entrepreneurs, qui se sont plutôt avérés des intermédiaires entre les artisans mineurs, qui eux extrayaient le charbon, et les consommateurs» écrit Oujda City.

Les hommes descendent dans les entrailles de la terre pour récupérer l’anthracite. Mal équipés, sans sécurité, ils payent un lourd tribut. Chaque année, deux à trois mineurs sont ensevelis. La mort des deux frères, le 22 décembre 2017, était visiblement de trop.
 


Depuis, la population réclame des mesures pour aider les habitants à vivre. Mais dans la région de l’Oriental (à l’Est, près de la frontière algérienne), le travail est quasi inexistant. Pourtant, Aziz Rabbah, le ministre de l’Energie et des mines et du Développement durable, a rappelé récemment les efforts consentis par l’Etat pour revitaliser la région. 12,3 milliards de dirhams (106 millions d’euros) entre 2003 et 2017 pour financer 224 infrastructures et 10 milliards (88 millions d’euros) pour 28 projets industriels.

Visiblement, cela n’a pas suffi. Et depuis la fin de l’année 2017, comme ailleurs au Maroc, le pouvoir central tente d’éteindre l’incendie social, démontrant une nouvelle fois que le développement économique du pays est très inégal.

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