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Premier producteur de coton en Afrique, le Mali dame le pion au Burkina Faso

Le Mali est redevenu le premier pays producteur de coton en Afrique, devant le Burkina Faso, a-t-on appris le 26 février 2018. Et ce, grâce à une très bonne récolte pour la saison 2017-2018. Avec l’or, la plante est l’une des principales ressources de ce pays africain.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min

A la fin de la saison en cours, le Mali compte engranger 725.000 tonnes de coton, selon les prévisions de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), une entreprise d’Etat, grâce notamment à des conditions climatiques clémentes. Il va ainsi dépasser son grand rival, le Burkina Faso.

Celui-ci a dû faire face à une météo difficile et à des attaques d’insectes. Résultat: il n’a récolté que 333 kilos à l’hectare, son plus mauvais rendement depuis 1996. Mais il paye aussi sa conversion massive (75% de sa production) et malheureuse aux semences OGM, entamée en 2008, suite à des invasions de chenilles dans les années 1990.

Le coton Bollgart II de la firme américaine Monsanto devait permettre de lutter contre les nuisibles, grâce à un pesticide intégré. Mais le plant génétiquement modifié s’est avéré impuissant face aux ravageurs. Dans le même temps, la qualité du coton a baissé: la longueur de la fibre burkinabè, jusqu’alors considérée comme l’une des meilleures du monde, s’est dégradée. «Plus courte de 0,8 mm, elle perdait toute sa valeur», explique La Croix. Conséquence: le prix a chuté. Dans ce contexte, Cotonou a décidé d’arrêter les frais. Et de revenir aux semences traditionnelles.

40% des revenus de la population rurale
L’expérience a servi aux Maliens qui réfléchissaient depuis 2012 à l’implantation de plants génétiquement modifiés. «Nous avons fait un voyage d'études sur place (au Burkina Faso) et nous sommes rendus compte que leur rendement n'excédait pas 1,1 tonne par hectare, que les agriculteurs ne pouvaient plus faire leurs semences eux-mêmes et qu'ils devaient aussi acheter des protections phytosanitaires supplémentaires pour soutenir leurs rendements», raconte Tiniougo Sangaré, secrétaire exécutif de l’interprofession du coton. Bref: «Ca ne marchait pas.»

L’«or blanc» est «la principale culture de rente» (qui génère des liquidités), précise Tiniougo Sangaré. Planté en rotation tous les trois ans avec le maïs et le sorgo millet, il est cultivé sans irrigation. Avec l’or, il joue un rôle essentiel dans l’économie du pays: il représente ainsi 15% de son PIB et 22% de ses recettes d’exportation. Il fournit par ailleurs 40% des revenus de la population rurale malienne. 


Les trois millions de producteurs de coton maliens (pour une population de 17,9 millions d’habitants) «sont bien structurés», estime Tiniougo Sangaré. Collectivement, ils disposent d'une participation de 20% au capital des quatre filiales de production de la société cotonnière CMDT. Celle-ci leur fournit les équipements, fixe les prix et achète aux agriculteurs l’ensemble de leur production.

Pour la saison 2017-2018, la CMDT a ainsi été fixé un prix plancher de 250 francs CFA (0,38 €) le kilo pour l'achat du coton aux producteurs. Même s’ils sont très volatils, les cours mondiaux, basés sur les indices de New York et Liverpool, ont permis de le vendre «aux alentours de 275 francs CFA» (0,42 €), précise Tiniougo Sangaré. Cela a aussi permis d'abonder un fonds de soutien aux paysans pour les mauvaises années, une réforme mise en place au début des années 2000.

Pollution
Conséquence: la production s'accroît depuis les six dernières années. Production «boostée» par l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires pour combattre les parasites qui dévorent les plants. Ainsi que par le recours à la chaux agricole pour corriger l'acidité des sols dans certaines régions. Mais cette culture intensive épuise les sols à long terme. De plus, l’utilisation massive de produits chimiques engendre une pollution qui menace la qualité de la terre.

La plus grande partie de la production est exportée, notamment vers l’Asie et la Chine. Moins de 2% des balles de coton sont traitées localement. «Le Mali tire ainsi très peu de valeur ajoutée de cette abondante production», constate un article de l’agence de presse gouvernementale turque Anadolu. En 2016, la CMDT a cependant signé un accord de partenariat avec la société chinoise Qingdao Ruichang Cotton Industrial Limited pour la construction au Mali de trois usines d’égrénage et de deux filatures. Montant de l’investissement: 300 millions de dollars (243 millions d’euros). Avec la création promise de près de 9000 emplois.

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