Mohamed Salah, pharaon du football égyptien et roi du Liverpool FC
«L’Egypte est un don du Nil», expliquait l’historien et géographe grec antique Hérodote. Nagrig, localité du gouvernorat de Gharbia, entourée de verdure des champs irrigués par le fleuve, profite pleinement du «don du Nil». Le village bénéficie aussi des retombées de la gloire de Mohamed Salah, l'enfant du village devenu l’ailier droit du prestigieux Liverpool FC. L’unique école dispose ainsi d'un terrain de foot synthétique flambant neuf: un équipement fourni via un sponsor par l'intermédiaire de la star footballistique.
Dans la localité, le nom du serial-buteur des «Reds» est partout. Dans la bouche des enfants, par exemple. Ceux qui jouent avec un vieux ballon de cuir sur un terrain vague, dans un nuage de poussière. Ou ceux croisés au milieu d'une rue étroite en terre près de la maison où a grandi la mégastar, à 120 km au nord-ouest du Caire.
«Grâce à sa morale et son humilité, Mohamed Salah est devenu un joueur professionnel», juge Mohamed Abdel Gawad du haut de ses 12 ans, au milieu de ses copains qui approuvent.
95e minute…
A l’unisson de leur pays, tous ont tremblé, puis laissé éclater leur joie, quand du bout de son pied gauche, il a, à la 95e minute du match contre le Congo Brazzaville, le 8 octobre 2017, qualifié son pays pour la coupe du Monde 2018 en Russie. Dans la vidéo (en arabe) qui suit, on entend distinctement le commentateur, très ému, s’écrier «Allah !» à plusieurs reprises après le tir libérateur.
Tous les jeunes de Nagrig ont bu ses paroles quand il a reçu le Ballon d'or africain: «Ne cessez jamais de rêver, ne cessez jamais de croire.» Lequel Ballon d’or s’est aussi dit, comme dans ce tweet en anglais, «très fier d’avoir gagné cette prestigieuse récompense, et de rejoindre les rangs de nombreux grands joueurs qui l’ont gagné avant lui». Il a dédié le trophée à «tous les enfants d'Afrique et d'Egypte».
Very proud to have won this prestigious award for best African player, and joining the ranks of many great players who won it before me. pic.twitter.com/jgqrCHcLWl
— Mohamed Salah (@MoSalah) December 11, 2017
Alors, aujourd’hui, tous les enfants de Nagrig veulent être «comme Mohamed Salah».
Le centre pour jeunes de la localité porte le nom de l'attaquant de 25 ans, auteur de 28 buts en 35 matches cette saison. C'est là que ce dernier, à l'instar de son père et ses oncles, a fait ses premières armes de footballeur.
42 millions d’euros
«J'ai entraîné Mohamed Salah lorsqu'il était encore un enfant, et son talent était évident depuis le berceau», confie Ghamri Abdelhamid Al-Saadani, ancien entraîneur du centre de Nagrig que le futur champion a commencé à fréquenter à l'âge de huit ans.
Poussé par son père, employé dans un hôpital, le jeune prodige passe de Nagrig à Bassioun, puis à Tanta (chef-lieu de Gharbeya). Avant de venir au Caire, la tentaculaire capitale de l’Egypte.
Sa réussite actuelle, il ne la doit pas seulement à son talent, insiste son premier entraîneur. «Mais aussi à une volonté de fer, à l'effort et la persévérance». A 14 ans, à l'époque où il rejoint l'Arab Contractors Sporting Club du Caire, «il devait passer environ dix heures par jour dans les transports pour suivre son entraînement quotidien», se souvient Maher Shateya, le maire de Nagrig. Sans que l’on sache si l’édile n’exagère pas tout de même un petit peu…
Après Le Caire, direction l'Europe avec le FC Bâle (2012-2014), Chelsea (2014-2015), la Fiorentina (2015), l'AS Roma (2015-2017). Avant son retour triomphal en Premier League (Ligue 1 du championnat d’Angleterre) à Liverpool. Pour 42 millions d’euros (et 8 millions de bonus). Ce qui fait de lui le joueur africain le plus cher de l’histoire.
L'homme est au sommet, entre les deux buts de la qualification de l'Egypte au Mondial-2018 contre le Congo Brazzaville, ses prouesses en Premier League et le titre de meilleur joueur africain.
Pour autant, Mohamed Salah n'oublie pas d'où il vient.
«Humble» et «discret»
Le maire, Maher Shateya, insiste sur «l'humilité» du crack. Et souligne qu'il «fait beaucoup pour les gens du village». Outre le terrain de l'école, la recrue de Liverpool a aussi contribué à l'installation d'une unité de soins intensifs à l'hôpital de Bassioun, la ville la plus proche. Il a aussi aidé à financer la création d'une association caritative à Nagrig, qui verse un soutien financier mensuel aux personnes dans le besoin.
Un institut religieux dans son village natal a aussi vu le jour grâce à son intervention. La religion occupe une place importante dans la vie de la recrue de Liverpool, qui a reçu une éducation conservatrice.
A 20 ans, le footballeur a épousé (en 2013) une fille de son village, Magi, qui le suit partout où il pose les crampons. Réputé pieux, le couple a nommé sa fille unique Makka (La Mecque, en arabe), en référence au premier lieu saint de l'islam.
Mohamed Salah's Wife Magi and Daughter Makka https://t.co/DcaR7EDtdn #egypt #liverpool #soccer
— PlayersGF (@playersGFdotCOM) September 24, 2017
Derrière une grande porte en fer noire verrouillée, la famille du célèbre footballeur se dérobe à la curiosité de la presse, «par respect pour sa volonté».
Mais on sait au moins une chose: le lien avec la terre natale n'a jamais été rompu. «Au cours des trois dernières années, les vacances de Salah ont coïncidé avec le mois de ramadan et il les a passées dans le village avec ses amis», raconte ainsi son ex-entraîneur.
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