Un Palestinien de Gaza abattu comme un lapin par des soldats égyptiens
Difficile de savoir ce qui est passé ce jour là par la tête de Ishaq Hassan, 28 ans, puisque ce sont les seules choses qu’on sache de lui, lorsqu’il a traversé, tout nu, la haie de poutres plantées jusque dans la mer, en guise de frontière entre la bande de Gaza Palestinienne et l’Egypte.
Un Palestinien, cible vivante pour les soldats égyptiens
Une fois l’obstacle franchi, il se met à courir dans l’eau pour atteindre le rivage côté Sinaï , et devient aussitôt une cible pour les soldats égyptiens retranchés en haut d’une tour de surveillance.
En dépit des appels d’un garde palestinien se trouvant sur le lieu, les tirs vont se poursuivre contre le fuyard désarmé jusqu’à ce que les vagues finissent par déposer son corps inerte sur la grève.
L’incident s’est produit le 24 décembre 2015, mais il a fallu attendre quelques jours pour que l’information circule. Sous la forme notamment d’une vidéo tournée par un témoin de la scène et montrant toute la cruauté des soldats égyptiens.
Colère des Palestiniens sur les réseaux sociaux
Un exercice de tir inhumain sur une personne souffrant de troubles mentaux, selon les premiers renseignements fournis, qui a provoqué la colère des Palestiniens sur les réseaux sociaux.
Le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza et entretient déjà des relations compliquées avec le Caire, a dénoncé «une exécution de sang-froid» et «condamné un acte qui enfreint toutes les conventions humanitaires».
Le ministère de l’intérieur du mouvement islamiste palestinien a même appelé le gouvernement égyptien à ouvrir une enquête et juger les soldats responsables de l’incident.
L’Egypte qui détient toujours le corps du jeune Palestinien n’a pas jugé bon de réagir. Il faut dire que la politique du président Sissi reste inchangée à l’égard des Palestiniens.
Outre le creusement d’un fossé entre l’Egypte et la bande de Gaza, l’armée continue sa chasse aux tunnels de contrebande qui permettent à la population de combler les manques en médicaments, matériaux de construction et autres produits inaccessibles en raison du blocus israélien.
Un million huit cent mille Palestiniens parqués.
Un million huit cent mille Palestiniens sont ainsi parqués et dépendent du bon vouloir des autorités égyptiennes qui entrouvrent occasionnellement le point de passage de Rafah.
Il ne l’a d’ailleurs été que 19 jours depuis le début de l’année, alors que le ministère palestinien de la santé assure qu’il y a urgence pour quelque 4.000 patients qu’il n’a pas les moyens de traiter sur place.
Une campagne lancée en ligne début décembre pour réclamer la réouverture du terminal de Rafah est restée sans échos. Le régime égyptien justifie en effet le bouclage par sa crainte de l’activisme djihadiste qui sévit dans la région du Sinaï.
La même crainte qui a poussé les soldats de Sissi à tirer sur un homme déficient mental, nu et désarmé, qui cherchait sans doute à échapper à la plus grande prison du monde à ciel ouvert qu’est devenue la bande de Gaza.
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