Abune Antonios, ancien patriarche de l'Eglise copte-orthodoxe d'Erythrée, est mort
Le régime autoritaire d'Issaias Afeworki l'avait démis de ses fonctions de patriarche. Opposant au régime, il avait notamment "refusé d'excommunier 3 000 opposants".
Abune Antonios, l'ancien patriarche de l'Eglise orthodoxe d'Erythrée, est mort à l'âge de 94 ans. Il avait été assigné à résidence en 2007 par les autorités de l'Erythrée, petit Etat de la Corne de l'Afrique connu pour sa répression de toute opposition.
En résidence surveillée depuis 2007
Des responsables cléricaux et un groupe de défense des droits basé à Londres ont annoncé le 10 février la mort d'Abune Antonios déchu de son rôle de patriarche par son synode en 2006. Les autorités érythréennes avait démenti à l'époque toute pression, mais il avait été démis de ses fonction "après s'être opposé à la fermeture de l’église Medhanie Alem à Asmara et avoir refusé d'excommunier 3 000 opposants au gouvernement. Il avait également protesté contre l’arrestation de trois de ses prêtres en novembre 2004", indiquait Franceinfo Afrique en 2017.
Abune Antonios was a brave leader. The Eritrean government don’t like those, so they make them disappear. Heartbreaking that he never got to see a free #Eritrea. May the people responsible for his detention one day face justice and may his soul rest in eternal peace. #YIAKL https://t.co/WT3sKddY3p
— Vanessa Tsehaye (@vanessatsehaye) February 9, 2022
(Traduction : Abune Antonios était un chef courageux. Le gouvernement érythréen n'aime pas ceux-là, alors ils les font disparaître. C'est déchirant qu'il n'ait jamais pu voir une Erythrée libre. Que les personnes responsables de sa détention soient un jour confrontées à la justice et que son âme repose dans la paix éternelle.)
Ordonné prêtre en 1942
La libération d'Abune Antonios, en résidence surveillée depuis 2007, avait depuis été réclamée par des associations, le Parlement européen et les gouvernements français et américain. L'Eglise orthodoxe d'Erythrée lui avait nommé un successeur – décédé en 2015 –, mais Mgr Abune Antonios avait continué d'en être reconnu comme le chef légitime par le siège de l'Eglise copte orthodoxe à Alexandrie, en Egypte.
Selon la Commission américaine pour la liberté internationale de religion (USCIRF), Antonios était né le 12 juillet 1927 et avait été envoyé dès l'âge de cinq ans par son père dans un monastère. Devenu moine, il avait été ordonné prêtre en 1942, puis abbé en 1955 et était devenu en 2004 le troisième patriarche de l'Eglise érythréenne orthodoxe Tewahedo.
Enterré au monastère Abune Andreas
L'ONG Christian Solidarity Worldwide a annoncé dans un communiqué que le "corps du patriarche avait été transporté au monastère Abune Andreas, auquel il appartenait, et y a été enterré le 10 février". Selon l'organisation, "des sources locales disent qu'une foule importante a assisté à son enterrement, dont beaucoup avaient parcouru de longues distances à pied".
Gouvernée depuis son indépendance de l'Ethiopie en 1993 par l'autocrate Issaias Afeworki, l'Erythrée figure aux dernières places des classements internationaux en matière de libertés politiques, d'expression ou de droits humains fondamentaux. La moitié de la population y est musulmane, l'autre chrétienne, majoritairement orthodoxe.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.