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Le président de la RDC, Félix Tshisékédi, veut cinq nouveaux barrages sur le fleuve Congo

Le nouveau chef d'Etat congolais a proposé la construction de nouveaux barrages sur les affluents du fleuve Congo. L’électricité ainsi produite pourrait satisfaire une grande partie des besoins de l’Afrique de l’est et australe. Reste à financer cet énorme projet, estimé à 80 milliards de dollars.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Barrage Inga 2 sur le fleuve Congo.  (MARLENE RABAUD / X02294)

Les représentants des pays de la région se sont réunis fin mars 2019 à Kigali au Rwanda dans le cadre de l’Africa CEO Forum. Félix Tshisékédi a insisté sur les potentialités hydro-électriques de son pays, la RDC.

La construction de 5 ou 6 barrages supplémentaire sur le fleuve Congo permettrait de produire plus de 40 000 MW d’électricité, soit l’équivalent de la capacité de 40 réacteurs nucléaires.

Cette série de barrages serait construite dans l'ouest de la République démocratique du Congo, à 150 km en amont de l'embouchure du fleuve Congo et à 225 km au sud-ouest de Kinshasa.

Deuxième plus long fleuve d'Afrique après le Nil

Le potentiel existe. Le Congo est le deuxième plus grand fleuve au monde en termes de flux (42 000m³ /s), après l'Amazone, et le deuxième plus long fleuve d'Afrique (4700 km), après le Nil

"L’hydro-électricité est une technologie dans laquelle le monde doit s’impliquer parce qu'il faut préserver l’environnement et éviter les énergies fossiles. Le Congo offre par son fleuve l’énorme potentialité dans ce sens. Nous avons dans le développement des barrages Inga une possibilité de distribuer l’énergie à toute l’Afrique ", a affirmé le président Félix Tshisékédi.

Pour le président congolais, les futurs barrages Inga peuvent être une solution, notamment pour régler le conflit entre l’Ethiopie et l’Egypte autour du grand barrage Renaissance.

"Vous savez qu’en ce moment, l’Ethiopie est en proie à des tensions avec l’Egypte au sujet du barrage qu’elle s’apprête à construire. Je pense que si Inga se développe dans toutes ses phases, jusqu’à la phase 8, nous aurons 44 000 MW à fournir. La présidente éthiopienne a trouvé intéressante la proposition".

Le Grand Inga est une série de 8 barrages, qui sont proposés sur la partie inférieure du fleuve Congo. Deux centrales, Inga I et II, existent déjà.

Les différents barrages du Grand Inga pourraient produire jusqu'à 44 000 MW d'électricité, plus de deux fois la production d'énergie du barrage des Trois Gorges en Chine, et un tiers de l'électricité totale actuellement produite en Afrique.

S’il est un jour financé, le Grand Inga serait construit en six nouvelles phases, dont le barrage Inga 3 est la prochaine étape. L’électricité produite par le barrage serait acheminée vers le sud-est de la RDC et exportée vers l'Afrique du Sud, en manque chronique d’électricité, ces dernières années.

Alimenter l'Afrique australe et de l'est en électricité

Un traité a été signé en mai 2014 par Pretoria et Kinshasa pour entamer une coopération dans le développement d'Inga 3, et pour faire de l'Afrique du Sud le principal client des ouvrages.

La Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD) ont financé les études techniques et d’impact environnemental.

Le détournement du fleuve Congo créerait un réservoir de 22 000 hectares et inonderait la vallée de la Bundi, noyant des terres agricoles et des espaces naturels. Et ce si alors que la RDC possède la deuxième plus grande forêt tropicale du monde

Par ailleurs, l'effet d'une diminution du flux du fleuve Congo peut entraîner une perte de biodiversité et un changement dans les espèces dominantes, aux dires des scientifiques. La création d’énormes lignes à haute tension aurait également des impacts environnementaux et sociaux significatifs, ceci sans parler des risques posés par la sécurité et l’entretien d’un tel système de transmission électrique.

Une très faible part de l'électricité produite par Grand Inga serait destinée aux villes ou aux villages du Congo. Selon les autorités du pays, l’électricité développerait la RDC, mais jusqu'à présent aucune stratégie ne montre comment les communautés pauvres pourraient y accéder.

Aujourd’hui 80 % des Congolais n’ont pas accès à l'électricité. Cet énorme projet se ferait essentiellement au profit des industries extractives de l’Afrique australe et de centres urbains éloignés.

Grand Inga pourrait être financé dans le cadre d'une structure de partenariat public/privé. Il est classé par le G20 et les banques multilatérales de développement (Banque Mondiale...) comme l'un des dix "projets exemplaires de transformation" censés avoir un impact significatif sur le développement de l’Afrique.

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