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Gibe III, le plus haut barrage d'Afrique

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Gibe III, un barrage de 240 mètres de hauteur, est en construction sur le fleuve Omo, en Ethiopie. Il est le plus grand projet d'investissement du pays et fait partie d’une série de cinq barrages dont deux, Gibe I et II, ont déjà été construits. Mais ce projet est très contesté par de nombreuses ONG. 400 d’entre elles ont signé une pétition contre Gibe III.

Commencé en 2006, le plus haut barrage d'Afrique devrait être terminé en 2014. Aujourd'hui, 4.500 ouvriers travaillent à la construction de l'édifice, achevé pour moitié. Turbines électriques, unités de cimenterie, canaux d'acheminement du ciment et tunnels pour la circulation de l'eau… sont en place.

L'eau pourra commencer à être retenue sur une surface de 210 km², dès 2013. (AFP PHOTO / JENNY VAUGHAN)
D’une capacité hydroélectrique de 1.870 mégawatts, une partie de son électricité sera revendue à Djibouti, au Kenya, au Soudan et au Somaliland.

Les promoteurs expliquent que le barrage permettra de réguler le cours de l'Omo, qui s'étend sur 700 km, et d'irriguer toute l'année les cultures en aval du fleuve. ( AFP PHOTO / JENNY VAUGHAN)
Ceux qui contestent le projet dénoncent l’accord du gouvernement éthiopien à celui-ci, alors que les études sur les impacts sociaux et environnementaux n'étaient pas terminées.

Ils pointent aussi le fait qu’il n’y a pas eu d’appel d’offre, une seule société, Salini Costruttori, ayant été consultée pour les travaux, violant ainsi la législation éthiopienne.

Et pour finir, les Ethiopiens ont été tenus à l’écart du projet. (AFP PHOTO / JENNY VAUGHAN)
Après un contrat de 1,7 milliard de dollars signé en 2006 entre le gouvernement et Salini Costruttori, il a fallu chercher des créanciers pour mener le projet à son terme.

La Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore la Banque européenne d'investissement ont refusé de le financer ou en ont été écartées.

Au final, l’Ethiopian Electric Power Corporation (EEPCo) et plusieurs banques chinoises sont les principaux financiers du barrage. (AFP PHOTO / JENNY VAUGHAN)
Des associations écologistes locales et internationales condamnent ce qui, à leurs yeux, bouleversera la vie des populations.

200.000 Ethiopiens du sud-ouest du pays et 300.000 membres des communautés du nord du Kenya vivent autour du lac Turkana, alimenté dans sa presque totalité par le fleuve Omo. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)
Si le lac Turkana, qui tire 80% de ses ressources du fleuve Omo, risque d’être très vite asséché, la basse vallée de l'Omo, un site préhistorique, est également menacé. 

Tous deux sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. (AFP/ BENALI Remi)
Les opposants redoutent la sécheresse et la disparition des forêts qui endommageraient l’écosystème.

Mais aussi que les terres autour du fleuve soient inondées et les pêcheries détruites, que l’agriculture ancestrale pratiquée par lestribus de la région puisse être anéantie, entraînant famine et conflits.

Les populations risquent de se retrouver très vite en pénurie alimentaire et de dépendre par conséquent de l’aide alimentaire. (AFP/ BENALI Remi)
Des associations comme Survival International dénoncent la location à des investisseurs étrangers pour une durée de cinquante ans de terres autour du fleuve.

Sur les millions d’hectares de terres agricoles vierges, 180.000, le long de la rivière Omo, seront utilisés pour des cultures commerciales et des agro-carburants. (AFP/ GUIZIOU Franck)

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