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Tanzanie : les autorités veulent éloigner les Massaï des parcs nationaux du Ngorongoro et du Serengueti

Le gouvernement considère que la croissance de leur élevage est devenue insoutenable.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2min
Eleveurs Massaï du parc régional du cratère de Ngorongoro, dans la région d'Arusha, en Tanzanie, aujourd'hui menacés d'expulsions. (DALMASSO MONICA / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

La Tanzanie permet aux communautés massaï de vivre dans certains parcs nationaux et réserves naturelles comme le célèbre cratère du Ngorongoro, site touristique classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais les incidents avec les éleveurs massaï se multiplient depuis que les autorités affirment vouloir limiter leur présence dans certaines zones.

"Relocalisation volontaire"

Depuis 1959, la population vivant à Ngorongoro est passée de 8 000 à plus de 100 000, tandis que le cheptel de bétail est, lui, passé d'environ 260 000 têtes en 2017 à plus d'un million aujourd'hui. Les Massaï et leurs troupeaux se retrouvent en concurrence avec la faune sauvage et "Ngorongoro est en train de se perdre", a déclaré l'an dernier la présidente Samia Suluhu Hassan.

Le gouvernement affirme vouloir protéger de toute activité humaine 1 500 km² sur les 4 000 km² de cette zone proche du parc du Serengeti. Le week-end dernier, des heurts ont opposé à Loliondo, à 125 kilomètres au nord de Ngorongoro, des policiers et des Massaï qui s'opposaient à la pose de "balises" séparant zones d'habitat humain et d'animaux sauvages. Un policier a été tué dans ces incidents.

Les autorités proposent un programme de "relocalisation volontaire" qualifié d'"expulsions" par des militants des droits de l'Homme. Selon le préfet de la région d'Arusha, 296 familles auraient accepté d'aller vivre dans la région de Handeni, à 600 kilomètres au Sud. Ce programme divise les Massaï : "Cette expulsion n'a jamais été volontaire pour les habitants de Ngorongoro", a déclaré à l'AFP Joseph Oleshangay, avocat et militant des droits de l'Homme.

"Il n'y a pas d'expulsion ici, toutes les personnes qui partent se sont inscrites volontairement et le gouvernement les aide"

John Mongella, préfet de région

à l'AFP

Zone frontalière avec le Kenya 

Le gouvernement tanzanien a lancé le 22 juin 2022 une opération contre les "immigrants illégaux" à Loliondo, dans le nord du pays, soupçonnant des Massaï kényans de traverser la frontière pour aider la communauté locale. Le ministre de l'Intérieur Hamad Masauni avait demandé la semaine dernière des mesures sévères pour freiner "l'afflux d'immigrants illégaux, dont la plupart ont conduit leurs troupeaux (...) dans la zone protégée de Loliondo". La communauté massaï vit à cheval sur le Kenya et la Tanzanie. Cette région est depuis des décennies une zone de tensions, le Kenya et la Tanzanie se disputant les touristes venus visiter les parcs animaliers et le Kilimandjaro, accessibles des deux côtés de la frontière.

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