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Divisée et exsangue, la Libye fête les six ans de sa révolution

Les Libyens fêtent mi-février le sixième anniversaire du début de la révolution qui a provoqué, en 2011, la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Le pays est aujourd'hui coupé en deux.

Article rédigé par Franck Mathevon, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un membre des forces opposées au gouvernement d'union agite un drapeau libyen à Zuwetina (Libye) en septembre 2016 (ABDULLAH DOMA / AFP)

Ils célèbrent mi-février le sixième anniversaire du début de leur révolution. Mais les Libyens n'ont pas vraiment le cœur à la fête. En 2011, l'insurrection de la population avait mis fin à 42 ans de dictature de Mouammar Kadhafi, suscitant une vague d'espoir dans un pays où les libertés ont longtemps été réprimées. Six ans plus tard, la Libye est divisée et traverse une crise profonde.

"Pourtant, en 2012, les premières élections s'étaient plutôt bien déroulées. La situation politique et économique s'était rapidement stabilisée, analyse Virginie Colombier, chercheuse à l'Institut universitaire européen (IUE) de Florence et spécialiste du Moyen-Orient. Mais tout s'est effondré en 2013. Ceux qui ont pris les manettes après 2012 ont été incapables de se mettre d’accord sur des sujets essentiels et importants pour l’avenir de la Libye."

Les Libyens nourissent une grande amertume à l'égard des responsables politiques qui se sont montrés incapables de résoudre leurs différends

Virginie Colombier, chercheuse

à franceinfo

Ces divisions politiques ont eu "des répercussions extrêment graves" sur le plan économique et sécuritaire, estime Virginie Colombier. Car la Libye est aujourd'hui coupée en deux. Installé par l'ONU en 2015, le gouvernement d'union de Fayez el-Sarraj ne tient que l'ouest du pays. À l'est, les troupes du maréchal Khalifa Haftar ont fait main basse à l'automne sur les terminaux pétroliers et contrôlent le poumon économique du pays. Cet officier, franc-tireur, chef de l'armée nationale libyenne et farouche adversaire des islamistes, s'impose désormais comme une figure incontournable, même aux yeux des Occidentaux qui l'ont longtemps méprisé.

Vide politique et implantation des jihadistes

Au quotidien, l'insécurité atteint des sommets... au point de faire regretter à certains Libyens les années Kadhafi. Les milices imposent leur loi à une population qui en vient à manquer d'eau, de carburant et d'électricité. Les prix s'envolent. L'économie est exsangue et les services publics en lambeaux. La Libye est aujourd'hui le repaire des trafiquants, des seigneurs de guerre et des jihadistes.

Début décembre, les forces gouvernementales ont libéré la ville de Syrte de la présence du groupe État islamique. "Mais il faut maintenant se demander pourquoi les jihadistes ont pu s'implanter à Syrte, souligne Virginie Colombier. Le vide politique qui s'est installé est la première chose à prendre en considération si l'on veut éliminer ces groupes jihadistes de manière efficace et durable."

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