L'ONU va enquêter sur les exactions commises en Libye depuis 2016
Le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, établi en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli (ouest), et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'Est, se disputent le pouvoir depuis 2015 dans ce pays en proie à des violences entre les deux camps et les civils payent un lourd tribut.
Les débats au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avaient été mis entre parenthèses par l'épidémie de coronavirus. Pour la reprise de son activité, il a adopté lundi 22 juin, sans vote, une résolution demandant l'envoi en Libye d'une "mission d'enquête" chargée de documenter les exactions qui y sont commises depuis 2016.
Dans ce texte, le Conseil "condamne fermement tous les actes de violence commis en Libye" et se déclare "préoccupé" par les informations faisant état d'actes de torture et autres exactions dans les prisons libyennes, et demande à la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, de "mettre sur pied et envoyer en Libye une mission d'enquête". Ces experts seront chargés, pendant un an, de "documenter les allégations de violations du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire et les atteintes à ces droits, commises par toutes les parties en Libye depuis le début de 2016".
"Mettre fin à l'impunité généralisée"
L'ambassadeur libyen auprès de l'ONU, Tamim Baiou, a espéré que ce serait "un tournant" positif pour l'avenir de son pays, et Heba Morayef, de l'ONG Amnesty International, a souligné dans un communiqué que cette mission d'enquête constituait "une étape importante et attendue depuis longtemps pour mettre fin à l'impunité généralisée" en Libye.
"Ce qui est important maintenant, c'est que les pays membres du Conseil des droits de l'Homme veillent à ce que ce nouvel organe reçoive le soutien nécessaire et que son mandat soit renouvelé" dans un an, a estimé pour sa part Eric Goldstein de l'ONG Human Rights Watch. La résolution demande aux experts de présenter un compte rendu oral de leurs travaux à la 45e session du Conseil, qui devrait se tenir en septembre, suivi d'un rapport écrit complet à la 46e session, en mars prochain. Elle demande aussi aux autorités libyennes de permettre à la mission d'enquête et à ses membres "d'accéder librement et sans délai à l'ensemble du territoire libyen".
La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir : le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, établi en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli (ouest), et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'Est. Depuis avril 2019, des centaines de personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées et plus de 200 000 déplacées.
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