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Libye: Médecins sans Frontières lance un SOS pour les migrants piégés à Tripoli

Entre un fragile cessez-le-feu entre milices rivales et la menace du Général Haftar de marcher avec son armée sur Tripoli, l’ONG Médecins sans Frontières (MSF) lance un appel en faveur de milliers de migrants subsahariens pris au piège des combats dans la capitale libyenne. Elle demande leur évacuation en urgence et leur relocalisation dans des pays tiers.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Des migrants clandestins en Libye, évacués de la zone de l'aéroport en raison des combats à la périphérie de Tripoli, et mis à l'abri à Ganzour, le 5 septembre 2018. (MAHMUD TURKIA/AFP)

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu intervenu le 4 septembre entre milices rivales à la périphérie Sud de Tripoli, l’organisation humanitaire Médecins sans Frontières a attiré l’attention de la communauté internationale sur le sort des migrants subsahariens en Libye.
 
Des migrants pris dans la tourmente des combats
Affirmant que les combats qui ont éclaté le 27 août autour de la capitale ainsi que les bombardements de zones résidentielles avaient été les plus violents depuis des années, MSF a fait part de ses inquiétudes pour la population civile et les migrants pris au piège de cette flambée de violence.
 
«Plusieurs centres de détention de Tripoli sont situés sur les lignes de front. Des milliers de personnes y sont emprisonnées et exposées au risque d’être victimes des tirs aveugles d’artillerie et d’obus. La distribution d’eau et de nourriture, habituellement assurée par une poignée d’organisations internationales et d’ONG qui sont aujourd’hui contraintes de suspendre leurs activités en raison de l’insécurité, est devenue très aléatoire et l’aide médicale disponible insuffisante», a déclaré Ibrahim Younis, chef de mission MSF en Libye.
 
Alors que le général Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays, menace de marcher sur la capitale, si nécessaire, pour y ramener la sécurité, le communiqué de MSF semble prévenir que la bataille de Tripoli n’est pas terminée.
 
«Déplacer des réfugiés et migrants en danger d’un centre de détention à un autre dans la même zone de conflit ne peut pas être décrit comme une évacuation et n’est certainement pas la solution», précise Ibrahim Younis  
 
Rappelant que le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) avait procédé la semaine dernière, avec l’aide d’ONG dont MSF, à l’évacuation de quelque 300 réfugiés et migrants du centre de détention de Aïn Zara, mais pour les transférer quelques kilomètres plus loin dans celui d’Abou Salim, l’organisation humanitaire en demande plus.
 
Mettre de toute urgence les migrants hors de danger
«Des ressources et des mécanismes de relocalisation dans un pays tiers existent et doivent être activés immédiatement. Une fois réellement mises hors de danger, ces personnes pourront déposer leur demande d’asile ou bénéficier des programmes de retours volontaires. Il est impératif et vital que cela se mette en route au plus tôt», selon le chef de mission.
 
Pour MSF, la communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour organiser dans les plus brefs délais l’évacuation hors de Libye de ces personnes en danger.
 
Beaucoup sont encore retenus captifs par des trafiquants, victimes de tortures, ou vivent sous la coupe de réseaux criminels, déplore MSF. Ceux qui réussissent à s’enfuir par bateaux sont de plus en plus mis en échec par les opérations des gardes-côtes libyens soutenus par les Européens, souligne le communiqué.
 
Depuis le début de l’année, 12.000 personnes ont été interceptées en mer et renvoyées en Libye. Un chiffre inédit, selon MSF, contribuant à la situation de surpopulation constatée dans les centres de détention. «Même au plus fort des combats, les gardes-côtes libyens ont continué de ramener à Tripoli des personnes interceptées en mer», a encore indiqué MSF. 

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