Manifestations malgré l'interdiction en Egypte : au moins 500 arrestations
Les autorités avaient prévenu : interdiction de manifester dans les rues égyptiennes aujourd'hui, après le soulèvement populaire d'hier, inédit depuis trente ans. La police a donc appliqué la consigne. Le ministère égyptien de l'Intérieur annonce l'arrestation d'au moins 500 personnes à travers tout le pays, dont 90 arrêtées près de la place Tahrir, place centrale du Caire et 121 islamistes des Frères musulmans, organisation officiellement interdite. Eux auraient été interpellés à Assiout, au sud de la capitale égyptienne.
Les témoins rapportent aussi des heurts, dans le centre du Caire, près de la Cour suprême, où des milliers de manifestants étaient à nouveau rassemblés en début d'après-midi, après avoir été pourtant évacués une première fois pendant la nuit. Des heurts opposant les gaz lacrymogènes des policiers aux pierres jetées par la foule.
_ À Suez, pendant ce temps-là, 2.000 personnes se seraient aussi rassemblées. C'est dans cette ville portuaire que deux manifestants ont été tués hier. Un troisième est mort des suites de ses blessures ce matin. Enfin, un policier lui aussi a succombé au Caire hier.
Le bilan n'a pourtant pas découragé le mouvement du 6 avril, à l'origine de ce soulèvement populaire. Ce mouvement qui réclame le départ d'Hosni Moubarak, président en place depuis 1981, a appelé de nouveau sur Facebook les Égyptiens à descendre dans la rue. Hier, avec seulement 15 à 20.000 personnes, les manifestations ont battu tous les records d'affluence depuis le début de ce régime qui réprime systématiquement la moindre velléité de protestation.
Cet après-midi, il est encore difficile de savoir combien de personnes ont réussi à se rassembler. Ce matin, plusieurs tentatives d'attroupement ont été rapidement dispersées par les centaines de policiers déployés dans la capitale. Mais visiblement ceux-ci ont fini par être dépassés, quand plusieurs milliers d'opposants se sont réunis devant le palais de justice.
Les autorités égyptiennes ont pourtant bloqué Twitter, Facebook et les principaux sites internet de contestation pour tenter d'empêcher l'opposition de s'organiser. Mais les activistes ont usé de leur ingéniosité et de logiciels spécialisés pour contrer la censure. Des cyber-contestataires qui ont dû sursauter en entendant la dernière sortie du Premier ministre égyptien : "Le gouvernement est résolu à garantir la liberté
d'expression par des moyens légitimes".
Cécile Quéguiner, avec agences
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