Cet article date de plus de sept ans.

Rabat menace de rompre ses accords avec l'UE et de laisser passer les migrants

Le Maroc a adressé une sévère mise en garde à l'Union européenne en l'appelant à mettre «pleinement» en œuvre l'accord agricole avec le royaume sous peine d'en subir les conséquences. Et de menacer de remettre en cause la gestion des flux migratoires.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
François Hollande et Mohammed VI à Casablanca, le 3 avril 2013.  (AFP/Bertrand Langlois)

Le Maroc menace de mettre fin à sa coopération économique avec l'Union européenne si cette dernière n'applique pas un accord commercial sur les produits agricoles. Signé en 2012, cet accord de libre-échange réciproque sur des produits agricoles et de la pêche avait été invalidé en décembre 2015 par le Tribunal de l'UE (CJUE) après un recours du Front Polisario contestant l'inclusion du Sahara Occidental dans le traité.
 
Rabat ne décolère pas. «Nous avons un contrat commercial de libre échange, un partenariat gagnant-gagnant (...). Malheureusement, il y a des zones d'incertitude sur tout ce qui se prépare à Bruxelles. Moi-même qui suis ministre de l'Agriculture, je n'ai pas compris jusqu'à maintenant la position de la Commission par rapport aux zones du Sud», affirme à l'AFP le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Aziz Akhannouch.

 
Le CJUE a décidé en janvier que l'accord entre Rabat et Bruxelles sur le commerce des produits de l'agriculture et de la pêche ne s'appliquait pas à la région du Sahara Occidental, contrôlée par le Maroc depuis 1976 après le départ de l'Espagne, alors puissance coloniale. L'arbitrage de la CJUE fin 2016 avait débouté le Polisario, mais affirmé en même temps que le Sahara Occidental n'était pas concerné par l'accord agricole, son statut n'ayant pas été arrêté par la communauté internationale.
 
Depuis lors, des associations pro-Polisario ont contesté des opérations commerciales entre le Maroc et des pays européens, concernant des produits venus du Sahara. Le Polisario tente également de remettre en question la coopération Maroc/UE sur les énergies renouvelables, au moment où le royaume se positionne comme un acteur important du secteur, avec le lancement de projets de centrales solaires en partie au Sahara Occidental.
 
Pour Rabat, la remise en cause de l’accord expose l'Europe à un «véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d'un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir».

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.