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Une pétition pour rapprocher l'Algérie et le Maroc

Alors que les sujets de discorde entre l'Algérie et le Maroc se multiplient, une pétition tente de rapprocher les deux voisins du Maghreb, dont les relations n'ont jamais été au beau fixe.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Drapeaux algérien et marocain. (FAROUK BATICHE / AFP)

La texte de la pétition invite les gouvernements marocain et algérien à considérer la construction maghrébine comme une question essentielle et à «cesser de dresser les deux peuples l’un contre l’autre par la surenchère et l’agitation médiatique».

Les points de friction entre les deux pays voisins ne manquent pas. Outre l'affaire du Sahara occidental, les questions énergétiques, cette pétition est lancée alors que, selon certains médias, l'Algérie vient de décréter un boycott de «toutes les activités et rencontres prévues entre les deux pays au Maroc».

Selon ce média, citant le quotidien arabophone El-Bilad, ce boycott ferait suite à une décision de la justice marocaine, qui aurait fait preuve d’un «laxisme outrageusement scandaleux» : le tribunal de Casablanca aurait condamné un marocain, auteur de la profanation du drapeau algérien le 1er novembre 2013, à une peine de deux mois de prison avec sursis assortie d’un amende de 250 dirhams pour «atteinte à une propriété privée». Le site marocain médias24 précise que «l’Algérie accuse les autorités marocaines d’être derrière cet acte de profanation, ce qui est évidemment peu crédible».

C'est donc dans ce contexte que des intellectuels algériens et marocains lancent une pétition pour appeler les gouvernements et les élites politiques de leurs pays à la retenue. «Ils rappellent que la construction maghrébine est une question essentielle qui ne doit pas être conditionnée par le règlement des problèmes en suspens entre les deux Etats. Ils préconisent, pour surmonter les blocages politiques algéro-marocains, de laisser le traitement du "problème du Sahara" aux "institutions onusiennes spécialisées"», précise El Watan.

«Les relations officielles entre nos deux pays ne cessent, depuis des décennies, d’aller de mal en pis. Nul doute qu’il y a des raisons à cette dégradation au nombre desquelles nous pourrions citer le poids de l’héritage colonial, le caractère autoritaire des systèmes de gouvernement institués après les indépendances, ainsi que le déficit d’initiatives indépendantes de la part des intellectuels et de la société civile en Algérie et au Maroc. Nous observons qu’au moindre signe de détente entre les deux Etats, celle-ci est avortée. Les relations historiques, culturelles et sociales entre les peuples algérien et marocain sont parmi les plus fortes qui puissent unir deux peuples. De ce point de vue, la situation que nous vivons aujourd’hui est absurde. Elle revêt un caractère temporaire et ne peut obturer les horizons prometteurs ni occulter l’impérative nécessité d’édifier un espace maghrébin stable, dans lequel les deux peuples puissent vivre dans la paix et la prospérité», précise le texte de la pétition.

Les signataires (ils étaient déjà 872 le 13 décembre) appellent les deux pays à «considérer la construction maghrébine comme une question essentielle, cesser de dresser les deux peuples l’un contre l’autre par la surenchère et l’agitation médiatique et œuvrer à régler les problèmes en suspens entre les deux pays avec sagesse, dans le respect des intérêts communs».

«Les premiers signataires de la pétition, du côté algérien, sont les universitaires Zoubir Arrous, Mustapha Nouicer et Mohamed Hennad. Du côté marocain, les premiers signataires, également des universitaires, sont Mokhtar Benabdelaoui, Abd eddine Hamrouche et Mahdjouba Kebabi. On dénombre parmi les signataires algériens, le premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache, et le président de Laddh, Mustapha Bouchachi. La pétition a été signée également par l’ancien diplomate marocain, Mohamed Zenir, et le romancier Rachid Beghanem», précise le journal El Watan.

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