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Namibie: le président sahraoui Brahim Ghali en visite d'Etat chez un allié

En pleine escalade verbale entre le Maroc et le Front Polisario sur la question du Sahara occidental, le président de la République arabe sahraouie démocratique effectue une visite d’Etat en Namibie, un pays ami. Dix jours après le 45éme anniversaire du déclenchement de la lutte armée du Polisario, auquel la Namibie assistait, Brahim Ghali resserre les liens avec ses alliés.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de la République arabe sahraouie, Brahim Ghali, lors du sommet de l'Union africaine et de l'Union européenne (UA-UE) à Abidjan le 29 novembre 2017. (ISSOUF SANOGO/AFP)

Le président de la République arabe sahraouie démocratique, (RASD) est depuis le 27 mai 2018 en visite d’Etat pour trois jours à Windhoek, à l’invitation de son homologue namibien.

Brahim Ghali, qui célébrait à Tifariti le 21 mai 2018 le 45éme anniversaire de la création du Polisario pour l’indépendance du Sahara occidental, n’est pas coutumier de ce genre de déplacement.
 
Renforcer les liens bilatéraux et achever la décolonisation du Sahara occidental
Sa visite en Namibie prend un relief particulier au moment où les accrochages verbaux entre le Maroc et le mouvement indépendantiste sahraoui se multiplient. Notamment avec la dénonciation par le royaume du soutien du Hezbollah libanais au Polisario, prétexte pour le roi Mohamed VI de rompre ses relations avec Téhéran.
 
Selon le site algériepatriotique, le président sahraoui, qui est également secrétaire général du Front Polisario, a été accueilli avec tous les honneurs par les principaux ministres du gouvernement namibien.
 

Il doit également animer une conférence autour des «derniers développements de la question du Sahara occidental et les perspectives de parachèvement du processus de décolonisation de la dernière colonie d’Afrique».
 

Le soutien total de Windhoek à l'autodétermination du peuple sahraoui
Une terminologie propre aux indépendantistes et aux pays qui les soutiennent. La Namibie et la RASD entretiennent des relations diplomatiques depuis juin 1990, c'est-à-dire depuis que Windhoek a reconnu officiellement la République sahraouie.
 
Il y a moins d’un an, le 21 septembre 2017, le président Hage Geingob réaffirmait même à la tribune des Nations Unies «son soutien total et sans équivoque aux droits inaliénables du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination».
 
«Les habitants du Sahara occidental ne peuvent pas continuer de voir leurs droits inaliénables à l'autodétermination et l'indépendance nationale refusés», avait-il déclaré, appelant à la mise en œuvre urgente de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée Générale et à la tenue d’un référendum libre et équitable dans ce territoire contesté.
 
Un mois plus tard, lors d’une allocution prononcée le 22 novembre 2017 devant le personnel diplomatique accrédité à Windhoek, la chef de la diplomatie avait même directement critiqué le roi Mohamed VI.
 
Netumbo Nandi-Ndaitwah avait affirmé que son pays était «très inquiet et profondément déçu de la position du royaume du Maroc vis-à-vis de l’indépendance du Sahara occidental exprimée par son souverain, lors de son discours du 06 novembre 2017, qui mine tous les efforts d’une solution pacifique et rejette la légalité internationale».
 
Le Maroc réagit à la visite en s'en prenant à l'Algérie
Ce resserrement des liens entre la Namibie et la RASD n’est pas passé inaperçu au Maroc. Le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), qui prône l’autonomie comme seule solution au conflit sahraoui, a réagi en s’en prenant directement à l’Algérie, principal soutien du Front Polisario.

 
Dans un message posté le 28 mai 2018 sur son compte tweeter et qualifiant la situation de pathétique, le CORCAS tente d’humilier le président de la RASD. «Au lieu de résoudre les problèmes du peuple algérien, la dictature militaire algérienne efface les dettes des pays africains amis (Namibie…) tant qu’ils reçoivent le diplomate algérien Brahim Ghali».

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