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Argent public : le Nigeria agit contre la corruption et les emplois fictifs

Alors qu’Abba Moro, ministre de l’Intérieur de l'ancien président Goodluck Jonathan, a été arrêté le 29 février 2016 pour fraude et blanchiment d'argent, le gouvernement du Nigeria a annoncé le même jour avoir réalisé des millions de dollars d’économies en récupérant les salaires de quelque 24.000 fonctionnaires fictifs.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
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Marche anticorruption à Abuja, au Nigeria, le 10 septembre 2015. ( AFP PHOTO / STRINGER)

Le président nigérian Muhammadu Buhari a annoncé début février un budget 2016 de 27 milliards d’euros, qui prévoit 20% de dépenses publiques en plus. Dans ce cadre, d’importants travaux doivent être entrepris sur les infrastructures. Lesquels devraient être partiellement financés grâce à la lutte contre la corruption, endémique dans le pays.
 
Les dysfonctionnements dans la fonction publique sont les premiers pointés pour réduire le déficit budgétaire du Nigeria. Ainsi, les salaires des 24.000 fonctionnaires fictifs ont permis rien qu’en février de faire entrer 11,53 millions de dollars dans les caisses de l’Etat, selon l’agence AP.
 
Et comme ces salariés «fantômes» ne représentent qu'une «partie du personnel non existant» payé chaque mois (certains fonctionnaires reçoivent plusieurs fois le même salaire), selon Festus Abanki, conseiller du ministère des Finances, cela laisse présumer des détournements d’argent.

Le président du Sénat nigérian Bukola Saraki doit répondre d'accusations de corruption, le 22 septembre 2015. (AFP PHOTO / STRINGER)

Des pensions versées à des morts
Les 24.000 emplois fictifs, décelés grâce à un nouveau système de vérification bancaire, représentent quelque 7,5% des 312.000 noms jusqu'à présent vérifiés dans un exercice en cours pour éradiquer la corruption, précise AP. «En outre, le Conseil des pensions militaires a arrêté de payer les retraites de plus de 19.200 personnes décédées depuis le dernier audit en 2012», ajoute M.Akanbi.
 
Si de nombreux responsables de l'ancienne administration ont été interpellés, comme l’ancien ministre de l’Intérieur Abba Moro, suite à des enquêtes de l'agence anti-corruption du Nigeria, éviter les détournements d’argent public ne sera pas aisé. L’adoption du budget 2016 a d’ailleurs été reportée car certaines dépenses étaient budgétées plusieurs fois, selon l’ONG BudgIT.
 
Sachant que l'argent économisé devrait limiter les emprunts à l'étranger et que les revenus du Nigeria souffrent de la baisse des cours du brut - mettant à mal la croissance et sa monnaie, le naira -, l’Etat a tout intérêt à poursuivre sa lutte contre la corruption. Au président Muhammadu Buhari, taxé par ses détracteurs d'immobilisme (d’aucuns l’appellent Baba Go Slow, «Le vieux qui prend son temps»), de se montrer ferme sur la question.

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