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Le Nigeria fixe de nouvelles redevances aux compagnies pétroliÚres

Pour les milieux spécialisés, c'est un jeu dangereux qui pourrait faire fuir certains acteurs de la filiÚre.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le FPSO Bonga pompe 225 000 barils de pétrole par jour sur un site du golfe de Guinée au large de Lagos. (JACQUES LHUILLERY / AFP)

Le gouvernement du Nigeria poursuit la remise en ordre de ses revenus pétroliers. AprÚs avoir réclamé il y a peu 62 milliards de dollars de manque à gagner aux compagnies qui opÚrent sur son territoire, Abuja fixe cette fois un nouveau barÚme de royalties.

Une nouvelle loi se rĂ©fĂšre Ă  un texte jamais appliquĂ©, datant de 1993, lors du lancement de l’exploitation offshore. Celui-ci stipule que les accords financiers avec les compagnies doivent ĂȘtre rĂ©visĂ©s Ă  la hausse lorsque le cours du baril dĂ©passe les 20 dollars. Si la loi n’a jamais Ă©tĂ© appliquĂ©e, c’est que de nombreux Ă©lus de l’époque, selon le prĂ©sident Buhari, ont investi dans le pĂ©trole et ne voulaient bien sĂ»r pas voir leurs revenus Ă©rodĂ©s.

DĂ©sormais, une redevance sera indexĂ©e sur le prix du pĂ©trole, atteignant 10% si le baril franchit les 150 dollars. Il s’ajoute Ă  cela une taxe forfaitaire de 10% sur l’extraction en mer et 7,5% sur terre. Ces mesures, selon le gouvernement, devraient rapporter 1,5 milliard de dollars de revenus supplĂ©mentaires d’ici 2021.

Besoins d’argent

Or, l’argent manque dans les caisses de l’Etat nigĂ©rian. Un rapport de la ConfĂ©rence des Nations unies sur le commerce et le dĂ©veloppement (Cnuced) de 2016 prĂ©sente le gouffre abyssal du dĂ©ficit budgĂ©taire du pays, passant de 209 millions de dollars en 2005 Ă  5,4 milliards en 2014. La baisse du prix du pĂ©trole a singuliĂšrement creusĂ© ce dĂ©ficit.

"Une soif pour de meilleurs revenus pĂ©troliers" qui pourrait heurter les investisseurs, Ă©crit l’agence financiĂšre Bloomberg (lien payant). Une alerte reprise en cƓur par plusieurs experts du secteur, selon l’AFP. "Les compagnies pĂ©troliĂšres ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  retirer leurs investissements du Nigeria", a dĂ©clarĂ© l’un d’eux sous couvert d’anonymat. "C’est le dĂ©but du dĂ©clin des investissements en eaux profondes", prĂ©dit-il.

Info ou intox ?

Le Nigeria a dĂ©jĂ  fait machine arriĂšre quant Ă  l’ardoise de 62 milliards de dollars rĂ©clamĂ©e aux compagnies. Il prĂ©fĂšre dĂ©sormais un rĂšglement Ă  l’amiable, tant la procĂ©dure judiciaire semble compliquĂ©e Ă  atteindre. Il faut mĂ©nager aussi la susceptibilitĂ© des compagnies, dans un contexte oĂč l’or noir ne manque pas dans le monde.

RĂ©guliĂšrement au Nigeria, les compagnies pĂ©troliĂšres sont mises en cause quand l’Etat va mal. En 2016, Agip et Total Ă©taient accusĂ©es d’avoir exportĂ© illĂ©galement du pĂ©trole pour un montant de 650 millions de dollars. Des accusations qui visent Ă  dĂ©douaner l’Etat de toute responsabilitĂ© quant Ă  l’inĂ©galitĂ© du partage des richesses pĂ©troliĂšres.

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