Algérie : l’étrange "enlèvement" de l’opposant Karim Tabbou
Enlèvement, arrestation ? Le responsable de l'Union démocratique et sociale (UDS) a été embarqué par des hommes en civil, mercredi 11 septembre. Selon les dernières informations, Karim Tabbou a été placé en détention provisoire pour atteinte au moral de l'armée.
Les Algériens s’interrogent sur ce qui est arrivé à Karim Tabbou, une personnalité de l'opposition algérienne de premier plan. "Karim Tabbou a été arrêté au début de l'après-midi (mercredi 11 septembre, NDLR) par deux hommes en civil qui se sont présentés à son domicile. Ils ont dit à sa famille qu'il (Tabbou) sera libéré dans deux heures. Mais à 18h, Karim Tabbou n’est pas rentré et sa famille n’a aucune nouvelles", a alerté Me Mostefa Bouchachi, dans une vidéo diffusée sur Facebook (lien en arabe).
"Karim Tabbou a été arrêté à son domicile à Douira (Alger) par deux hommes en civil, qui se sont présentés comme agents des services de securité", indique l’Union démocratique et sociale (UDS), citée par El Watan.
Jeudi 12, les dernières informations indiquaient qu'il avait été placé en détention provisoire pour "atteinte au moral de l'armée", selon plusieurs médias algériens.
Les réactions politiques se sont multipliées à l'annonce de cette arrestation. "Le seuil du tolérable a été encore une fois dépassé. Liberté pour Karim et tous les otages du système à l’origine des malheurs de l’Algérie et des Algériens", a écrit le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) ; Le Front des forces socialistes, quant à lui, "condamne énergiquement cet acte irresponsable et arbitraire".
Une des figures du Hirak
Qui est Karim Tabbou ? C’est l’ancien premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) et l’une des figures populaires de la révolution pacifique (Hirak) d'Algérie. "Karim Tabbou est un homme politique qui a su se frayer un chemin sur la scène politique algérienne, notamment depuis le déclenchement du Mouvement populaire en février 2019. Il s’est distingué par un discours virulent à l'égard du chef d'état-major de l'Armée Nationale Populaire et d’une partie de la classe politique", écrit Observ'Algérie.
Il a été, de 2006 à 2011, premier secrétaire du FFS, parti d’opposition algérien fondé en septembre 1963 par Hocine Aït Ahmed. En 2012, il a créé l'UDS, précise Algérie Focus.
Cette disparition pourrait traduire un durcissement du régime. L'ONG Human Rights Watch a dénoncé lundi 9 septembre 2019 un "durcissement de la répression contre les manifestants" et a affirmé que "désormais les autorités resserrent leur étau, emprisonnant des manifestants pour le simple port d’un drapeau et décourageant beaucoup de gens de manifester".
Cet événement intervient alors que le pouvoir cherche absolument à imposer l'élection présidentielle rejetée toutes les semaines par les manifestants algériens.
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