Cet article date de plus de six ans.

Bénin: les syndicats demandent la publication des salaires des ministres

Alors que la gouvernance de Patrice Talon est remise en question depuis six mois au Bénin, en proie à une fronde sociale, le salaire des ministres fait polémique.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

Les salaires des ministres seront-ils publiés? Le 8 février 2018, au lendemain d'une rencontre entre le chef de l'Etat et des syndicats, il ressort que ces derniers l'ont demandé.
 
Ce qui a mis le feu aux poudres, la signature mi-décembre 2017 d'un décret pour augmenter les salaires des hauts fonctionnaires. Et ce, alors même que les syndicats tentent d'obtenir une augmentation du salaire minimum, fixé à 40.000 FCFA (60 euros) par mois depuis 2014.
 
Selon ce décret, les secrétaires généraux et directeurs de cabinet, gagnent désormais 2,3 millions de FCFA (3.500 euros) par mois. Quant à la réalité des salaires des ministres, qui auraient aussi augmenté, seuls les concernés la connaissent. En août 2016, le garde des Sceaux Joseph Djogbénou avait annoncé «gagner 1.703.518 FCFA (2.650 euros) accompagné d’une prime d’équipement unique de 5.000.000 de FCFA (7.500 euros) et enfin, une assurance médicale».
 
Les réseaux sociaux s’agitent et la rumeur enfle


Des militants de l'opposition ont lancé une polémique en annonçant que les ministres gagnaient aujourd'hui 16 millions de FCFA par mois (24.400 euros). Et ce n’est pas la publication sur les réseaux sociaux, début février, de la fiche de salaire de Lucien Kokou, un ancien ministre de Patrice Talon, qui a changé la donne. Elle montrait qu’il avait gagné 1,3 million de FCFA en septembre 2017.
 
Pour justifier les augmentations des hauts fonctionnaires, le président Patrice Talon a évoqué la conséquence d’une rationalisation des rémunérations. Selon lui, dans les précédentes administrations, ils gagnaient peu mais avaient de nombreuses primes et avantages qui ont été supprimés…

En réponse, le juge béninois Michel Adjaka, a interpellé sur Facebook le gouvernement et a posé au président 8 questions sur la rémunération de ses collaborateurs dans le Bénin Times.
  
Simon Tomety, professeur spécialiste des questions institutionnelles, a écrit, lui, une lettre ouverte adressée à certains membres du gouvernement où il se dit «choqué» par ces «salaires dithyrambiques» au Bénin où «il y a des villages qui n'ont pas accès à l'eau potable depuis toujours».
 
Ce pays d'Afrique de l'Ouest souffre de grèves répétées depuis six mois dans l'éducation, la santé et la justice, des secteurs où le gouvernement refuse des augmentations salariales.
 
Pour contrer le ralentissement économique du Bénin, Patrice Talon a engagé, depuis son élection en avril 2016, des réformes dont l’orientation libérale a provoqué une fronde sociale, notamment dans le secteur public.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.