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Comores : le dialogue national inter-comorien se déroule sans l'opposition et perd de sa crédibilité

L'opposition comorienne refuse de cautionner une opération voulue par le président Azali Assoumani.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président comorien Azali Assoumani à la tribune des Nations unies à New York, le 23 septembre 2021. (SPENCER PLATT / POOL)

Le président des Comores Azali Assoumani a repris à son compte l'idée d’organiser une réunion de tous les partis politiques afin de définir le futur du pays. Un dialogue national inter-comorien qui était voulu au départ par l'opposition.

Depuis 2018, un référendum constitutionnel permet au président Azali Assoumani de régner en maître sur les Comores. Il a ainsi pu se présenter pour un nouveau mandat en 2019, remporté haut la main. L'opposition, qui compare son régime à une "dictature", n'a jamais reconnu les résultats du scrutin de 2019 et dénoncé des fraudes caractérisées.

Azali est un caméléon politique. Il a pris le pouvoir en 1999 à la faveur d’un coup d’Etat. Puis en 2002, il a organisé une élection présidentielle qu’il a remportée. Il s'est contenté d’un seul mandat, mais est revenu en politique en 2016. Azali revendique être un "profond démocrate", ce que conteste l’opposition qui, à chaque élection, dénonce des irrégularités.

Sortir de la crise

Cette fois, il s’agit de trouver une porte de sortie à la crise politique qui secoue les Comores depuis 2019. Ce dialogue se veut inclusif et durant trois semaines chacun peut présenter un thème qu’il veut voir discuté. L’exécutif, toujours soucieux de se montrer sous ses plus beaux atours démocratiques, a invité tout le monde, des politiques mais aussi des membres de la société civile. Et ce qui était au départ purement politique s’est élargi à l’économique et au social. Il s’agira de débattre afin de dégager des solutions pour l’avenir des Comores.

Malgré tout, le point central reste politique. Réforme de la commission électorale, loi électorale, statut de l’opposition, loi sur les partis politiques, découpage électoral. Le dialogue national inter-comorien s’impose, selon son coordinateur Mohamed Toihir, "comme un moyen de résoudre ou de prévenir les conflits sociopolitiques".

En sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, le président sénégalais Macky Sall s’est rendu aux Comores pour une visite du 25 au 27 février. Une visite qui s’est également voulue un soutien au processus.

Une "mascarade" selon l'opposition

Pourtant, l’union de l’opposition ne participera pas finalement à cette "mascarade de plus", selon ses termes. En guise de préambule et de geste de bonne volonté, l’opposition réclamait la libération des prisonniers politiques, notamment l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi. "Le dictateur Assoumani Azali va se réunir avec lui-même, il se parlera, s’admirera le nombril, se bombera la poitrine, se fera congratuler par ses roquets… mais dans un discrédit total", écrit le site internet d’opposition Le Mohélien, évoquant un "monologue de sourds".

L’opposition juge que les Comores sont "un pays économiquement et financièrement exsangue, socialement répressif, politiquement bloqué et institutionnellement paralysé". En conséquence, ses représentants ont refusé le dialogue, "dont les conclusions sont déjà connues d’avance", a souligné l’ancien gouverneur Mouigni Baraka Said Soilihi.

La défiance est totale, ce qui laisse peu d’espoir à une sortie par le haut de ce grand débat.

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