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Egypte : le régime de Sissi se dote d’une base militaire à missions multiples

C’est dans un contexte très guerrier au Proche-Orient, dans le Golfe et au Sahel que le président égyptien a inauguré le 22 juillet 2017 une nouvelle base militaire en Méditerranée, à l’ouest d’Alexandrie. Qualifiée de «plus grande base militaire d’Afrique et du Moyen-Orient», elle est investie de missions multiples, dont celle de protéger une centrale nucléaire à venir, en projet avec la Russie.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, au centre, ses invités du Golfe et le général Haftar de Libye (2e à partir de la gauche), le jour de l'inauguration de la nouvelle base militaire d'El Hammam près d'Alexandrie, le 22 juillet 2017.  (The Egyptian Presidency/Handout via REUTERS )

Le Caire se prépare à la guerre ? C’est avec ce titre, autant catastrophiste qu’interrogatif que le site iranien PressTV a annoncé l’ouverture de «la plus grande base militaire du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique» sur le territoire égyptien.

Une base pour protéger les frontières, des gisements gazier et pétrolier et la navigation en mer Rouge
Baptisée base Mohamed Néguib, du nom du premier président égyptien qui, à la tête du groupe des officiers libres, a renversé le roi Farouk en 1952, elle a été installée à El Hammam. Une ancienne cité militaire située à quelques kilomètres de la ville portuaire d’Alexandrie, mais déjà dans le gouvernorat de Marsa Matrouh, en direction de la Libye.
 
Avec ses 1.155 baraquements et édifices militaires divers, elle a une capacité d’accueil de quelque 20.000 soldats. Des centaines de chars, hélicoptères, vedettes et systèmes de défense anti-aérienne y sont déjà déployés. La base est même dotée des équipements nécessaires à l’organisation de manœuvres conjointes avec les pays «amis», précise PressTV.
 
Dans un pays gangrené par une grave crise économique, contesté de l’intérieur par les Frères musulmans et une opposition laïque, et menacé par les djihadistes affiliés au groupe Etat islamique, le régime ne peut en effet compter que sur ses alliés pour entretenir une telle base et assumer les multiples missions qui lui sont attribuées.
 
Protéger le pays des menaces terroristes, sécuriser les frontières avec la Libye et le Soudan, protéger les vastes gisements gaziers récemment découverts en Méditerranée et sécuriser la circulation en mer Rouge. Notamment au niveau du détroit de Bab el-Mandeb, entre Djibouti et le Yémen, qui commande l’accès au canal de Suez.

A l'image du jeu d'alliances à géométrie variable du président Sissi   
Inaugurée par le président Abdel Fattah al-Sissi en présence du prince héritier d’Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis), Mohamad Ben Zayed, son homologue bahreïni, Salman Ben Hamad al-Khalifa, du gouverneur de la Mecque, Khaled al-Fayçal, et du général Khalifa Haftar de Libye, cette nouvelle base est à l’image même du jeu d’alliances à géométrie variable pratiqué par le chef de l’Etat et des forces armées.
 
Outre l’incontournable Arabie Saoudite et ses émirats satellites du Conseil de Coopération du Golfe, alliés des Etats-Unis, l’ex-Maréchal devenu président mise aussi sur les liens qu’il entretient avec la Russie.
 
Pour preuve, l’agence russe en ligne Sputnik rapporte que «dans la zone placée sous le contrôle de cette base se trouvera la première centrale nucléaire du pays, dont la construction est prévue avec la participation de la Russie».
 
L’organe de presse moscovite en a profité pour indiquer que le ministère égyptien de la Défense avait annoncé «l’inauguration d’une autre base près de la ville de Sidi Barrani, à 95km à l’est de la frontière avec la Libye. Elle aura pour vocation d’assurer la sécurité à la frontière et d’empêcher l’entrée sur le sol égyptien de terroristes, de migrants, d’armes et de drogues», a encore ajouté Sputnik.

L'Egypte «plus grande puissance militaire d'Afrique et du Monde arabe» 
L’ouverture de cette nouvelle base consacre en tout cas l’Egypte «comme plus grande puissance militaire d’Afrique et du monde arabe», écrit le site la revue de l’Afrique. Et selon le classement du site Global Fire Power, avec un effectif de 1,3 millions d’hommes, dont 450.000 en service actif, elle se hisse même au dixième rang mondial sur 133 pays, devant l’Etat hébreu qui est classé quinzième. 
 
 

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