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La Tanzanie de nouveau en guerre contre les compagnies minières
John «bulldozer» Magufuli, le président de la Tanzanie, est un adepte du coup de balai permanent. En particulier à l’égard des propriétaires des mines du pays, que ce soit d’or ou de diamants. En juillet 2017, il réclamait 190 milliards de dollars à la compagnie Acacia Mining. Cette fois, il a «nationalisé» une production de diamants d’une valeur de près de 30 millions de dollars.
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Le 10 septembre 2017, le gouvernement tanzanien annonçait la saisie de diamants destinés à être exportés par la mine Williamson, l’une des plus importantes du pays. Les documents officiels déclaraient une valeur de 14,7 millions de dollars. Or, selon les autorités tanzaniennes, le poids a été volontairement sous-évalué par la société propriétaire de la mine, Petra Diamonds. Il y en avait en fait, selon lui, pour 29,5 millions de dollars.
Les pierres, en partance pour Anvers, ont été saisies à l’aéroport de Dar es Salam. Le gouvernement a pris un coup de sang. Il a non seulement interdit l’exportation, mais aussi «nationalisé» la marchandise.
Démission de deux ministres
Le président John Magufuli est un habitué de ces coups d’éclat. Depuis son accession au pouvoir en 2015, le «bulldozer» comme on le surnomme, s’est fait le champion de la lutte contre le pillage des ressources naturelles de son pays. Au mois de mars 2017, le président interdisait toute exportation de minerais bruts. La mine Williamson a beau être à 25% propriété de l’Etat, il n’est pas question de laisser partir de la sorte les diamants.
Dans la foulée, deux ministres ont été poussés à la démission. Ils étaient cités dans deux rapports d’enquête sur la gestion de l’industrie minière. Il s'agit du vice-ministre des Travaux, des Transports et de la Communication, Edwin Ngonyani, et du ministre au Bureau du président, chargé de l'administration régionale et du gouvernement local, George Simbachawene.
On ne sait pas encore quel sort sera réservé aux deux hommes, ni aux entreprises minières accusées de triche. Parmi elles, on trouve… Petra Diamonds, qui n’aurait pas payé d’impôts pendant dix ans! En fait, elle déclarait des pertes que l’Etat tanzanien juge surévaluées. Une autre entreprise, Acacia Mining, est aussi dans le collimateur. La Tanzanie lui réclame 190 milliards de dollars d’impôts et de pénalités. Une somme délirante équivalente à trois fois le PIB du pays.
Que cherche Magufuli?
Trop n’est jamais assez, visiblement, pour le président tanzanien. Et il entend faire plier les géants du minage, pour tirer le maximum de richesses du sous-sol. Car il n’y a pas que des diamants ici. Le pays est également le quatrième producteur mondial d’or, et il possède les plus grandes réserves du continent après l’Afrique du Sud. Des richesses qu’il n’entend pas brader.
Mais John Magufuli, le bulldozer, joue également à fond la carte de l’homme intègre, nettoyant le secteur opaque des mines. Un style populiste qui plaisait jusqu’à présent. Mais son autoritarisme lui vaut désormais d’être traité de dictateur.
Du reste, son principal opposant, Tundu Lissu, a été victime d’un attentat. M.Lissu, juriste de renom âgé de 49 ans, a été arrêté au moins six fois depuis le début de l'année, et est poursuivi pour «sédition» dans plusieurs affaires ouvertes devant les tribunaux.
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