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Le difficile combat pour les droits de l'Homme en Algérie

Les responsables des droits de l'Homme en Algérie sont inquiets. Malgré les promesses du pouvoir, la liberté d'expression n'est pas au mieux en Algérie. Pire, les libertés syndicales sont également menacées. Ainsi, le 69e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme n'a pas été célébré partout dans le pays. Des wilayas ont même interdit des rassemblements.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le 3 juin 2015, des personnels de santé manifestent à Alger pour réclamer une hausse des salaires. (AHMED KAMAL / Citizenside)

«Il n’y a eu aucun progrès pour les droits de l’Homme en Algérie.» La critique est sans appel et émane de l’ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), Noureddine Benissad. Une critique qui remonte à… 2016!

Visiblement, 2017 ne se présente pas sous de meilleurs auspices. Ainsi à Béjaïa (220 km à l’est d’Alger), à l’occasion de la célébration du 69e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, la réunion publique prévue du 9 au 12 décembre a été interdite. Il s’agissait d’un forum organisé par le centre local de documentation sur les droits de l’Homme. Le Wali n’a pas autorisé la manifestation, sans expliquer les raisons de cette interdiction.

La manifestation était organisée conjointement par les deux ligues des droits de l’Homme en Algérie et Amnesty International. Finalement, c’est dans les bureaux du centre de documentation sur les droits de l’Homme de Béjaïa que s’est tenue la réunion.

«Je dénonce vigoureusement l’interdiction absurde qui frappe nos activités alors que la déclaration universelle des droits de l’Homme est accrochée sur les murs de tous les commissariats de police du pays», a déclaré Said Salhi, le vice-président de la LADDH.
 
L'interdiction de la manifestation émanant de la wilaya de Béjaïa.

Les autorités algériennes n’aiment pas que l’on célèbre les droits de l’Homme. Déjà en 2016, la manifestation a été interdite, tout comme l’université d’été de la LADDH en 2017. Les associations s’étonnent du reste du double discours des autorités, signant tous les textes internationaux sur les droits civils et politiques, mais ne les appliquant pas. «Nous sommes dans un état d’urgence déguisé», s’est insurgé maître Bensaid Mokhtar. Pour le président d’Amnesty Algérie, la responsabilité se limite peut-être aux subalternes. «Toute association est soumise dans ses activités à l’humeur d’un bureaucrate bête et méchant.»

Engagements non respectés
La LADDH en a tout de même profité pour publier son rapport annuel sur l’état des droits de l’Homme dans le pays. Son constat est aussi très inquiétant. Le recul des droits ne concerne pas uniquement les libertés d’expression, notamment des journalistes. Ainsi le rapport dénonce l’interdiction de manifester ou de se réunir de salariés en grève ou d’enseignants en colère.

«Le gouvernement a pris des engagements au sujet des libertés de réunion et d'association et il est tenu de les respecter», a expliqué Saïd Salhi dans une interview au journal Le Matin.

De son côté, dans le cadre de ses recommandations, Amnesty International demande notamment au gouvernement algérien de modifier la législation. Notamment l’article du code pénal qui interdit «tout attroupement non armé», rendant ainsi toute manifestation impossible. Ou encore d’abroger les dispositions de l’Ordonnance «qui exempte de poursuites les membres des forces de sécurité».

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