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Le Soudan revient dans les bonnes grâces des Etats-Unis
Depuis le début de l'année 2017, Khartoum montre patte blanche afin de jouir de la levée effective des sanctions économiques annoncées par la Maison Blanche, après deux décennies d'embargo. Les autorités soudanaises seront fixées sur leur sort dans quelques jours.
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Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson devrait faire une recommandation formelle au président Donald Trump d’ici le 12 juillet 2017 dans le sens d’une levée de l’embargo économique imposé au Soudan depuis 1997.
Khartoum devrait ainsi quitter la shortlist des pays qui font l’objet de sanctions de la part des Etats-Unis. La levée de l’embargo a été annoncée le 13 janvier 2017 par l'administration Obama, mais Washington a décidé d’imposer une période probatoire de 180 jours.
Depuis, les Américains veillent à ce que le Soudan respecte les engagements pris et déclinés dans une feuille de route en «cinq points». Ils renvoient notamment à la lutte contre le terrorisme qui passe par une plus grande coopération avec le renseignement américain, à celle contre la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) dont Washington a abandonné la traque en avril 2017, au rôle de Khartoum dans le processus de paix avec le Soudan du Sud, à la pacification du territoire soudanais et à la situation humanitaire dans le Kordofan et le Nil Bleu.
En ce qui concerne le volet paix, Khartoum doit fournir «un meilleur accès à l'aide humanitaire, (mettre fin à son) soutien aux groupes rebelles dans le Soudan du Sud voisin et (aux) hostilités dans plusieurs Etats – le Darfour (en guerre contre Khartoum 2003), le Nil-Bleu et le Kordofan-Sud (les hostilités ont éclaté en 2011)» rapporte La Voix de l’Amérique.
Khartoum a sorti le grand jeu
De leur côté, les Soudanais multiplient depuis six mois les preuves de leur bonne foi. Le président Omar el-Bechir a encore annoncé le 2 juin 2017 par décret présidentiel, rapporte l’AFP, «l’extension d’un cessez-le-feu unilatéral de quatre mois en vigueur dans les Etats en conflit du Darfour (ouest), du Nil Bleu (sud-est) et du Kordofan-Sud (sud)». Initialement décrété en juin 2016, ce cessez-le-feu a déjà été prolongé trois fois.
Les autorités soudanaises, qui ont également engagé des lobbyistes payés à 40.000 dollars le mois, selon Bloomberg, usent de toutes les armes à leur disposition pour convaincre les Américains. La levée de l'embargo constiue une aubaine pour l'économie soudanaise qui souffre de la disparition de sa manne pétrolière depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.
«Cela ouvrirait la porte du ciel entre les deux pays», a déclaré Muawiya Osman Khalid, l'ambassadeur du Soudan aux Etats-Unis, rapporte le site d'informations américain. «Je peux vous assurer également que beaucoup de grandes entreprises américaines frappent aujourd'hui à la porte. Elles attendent juste le rapport en juillet.»
La question des droits de l'Homme toujours préoccupante
«Mises à part quelques exceptions, les avancées sur les cinq points ont été positives», a constaté le chargé d'affaires américain au Soudan, Steven Koutsis, dans un entretien accordé à l'AFP fin juin 2017. Les autorités américaines semblent satisfaites de l'aide soudanaise dans la lutte contre Daech et différents groupes terroristes, même si le Soudan demeure dans la liste américaine des trois pays (avec l'Iran et la Syrie) qui soutiennent le terrorisme.
Néanmoins, par la voix de son ambassade au Soudan, Washington s'est dit «très préoccupé» par la situation des droits de l'Homme dans le pays, indique Sudan Tribune. La société civile soudanaise, les ONG et les opposants au régime de Khartoum estiment que les Etats-Unis doivent prendre en considération les atteintes aux droits humains qui perdurent sur le territoire soudanais, entre autres en matière de liberté politique et religieuse et d'accès à l'aide humanitaire.
Si l'administration Trump confirme la levée des sanctions le 12 juillet 2017, les relations de Khartoum avec les Etats-Unis auront été partiellement normalisées avant que le président Omar el-Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la Cour pénale internationale, ne s'envole le mois suivant pour la Russie de Vladimir Poutine.
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