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Présidentielle en Côte d'Ivoire : le Conseil constitutionnel valide 4 candidatures et se retrouve sous le feu des critiques de l'opposition

Les opposants dénoncent notamment la validation de la candidature de l'actuel président Alassane Ouattara qui brigue un troisième mandat. 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le président du Conseil consitutionnel Mamadou Koné, au centre, et les membres de l'institution lors de l'annonce, le 14 septembre 2020, des candidatures validées pour la prochaine présidentielle en Côte d'Ivoire.  (SIA KAMBOU / AFP)

Seules 4 des 44 candidatures déposées à la commission électorale ont été validées par le Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire, le 14 septembre 2020. Dans la foulée de l'annonce, l'opposition ivoirienne a vivement critiqué l'institution, notamment pour avoir validé la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un troisième mandat et rejeté, entre autres, celles de l'ancien chef d'Etat Laurent Gbagbo et de l'ex-chef rebelle et ancien Premier ministre Guillaume Soro, tous deux condamnés par la justice ivoirienne.

Alassane Ouattara, le candidat du Rassemblement des Houphpouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), aura comme adversaires Henri Konan Bédié, le leader du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Pascal Affi N'Guessan, représentant l'une des deux ailes du Front populaire ivoirien (FPI) fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo et l'ancien député Kouadio Konan Bertin, dissident du PDCI. 

Une candidature qui ne passe pas

Le Conseil Constitutionnel n'a pas suivi les requêtes de plusieurs opposants qui estimaient que l'actuel président ivoirien ne pouvait accomplir un troisième mandat, la Constitution limitant le nombre de mandats à deux. Une analyse que ne partage pas le camp présidentiel.

Dans un communiqué, Henri Konan Bédié dit ainsi avoir "pris acte de la validation de (sa) candidature"  tout en "(dénonçant) cependant la validation de la candidature inconstitutionnelle de Monsieur Alassane Ouattara et l’exclusion arbitraire et antidémocratique de leaders politiques majeurs, notamment Laurent Gbagbo, Soro Guillaume, Mabri Toikeusse (ancien allié du président Ouattara, NDLR), Mamadou Koulibaly (ancien président de l'Assemblée nationale, NDLR) et Amon Tanoh Marcel (ancien ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara)". 

Guillaume Soro, qui été condamné en avril à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, "conteste vigoureusement la décision injuste et infondée prise par le Conseil Constitutionnel". "Je considère que c'est une décision inique, politiquement motivée, juridiquement boiteuse et qui s'inscrit dans une logique d'anéantissement de la démocratie et l'Etat de droit", a ajouté l'ancien Premier ministre qui a réagi sur les réseaux sociaux quelques heures après l'annonce du Conseil constitutionnel. 

Selon l'ancien chef rebelle, l'institution "(a cautionné) sans surprise, la forfaiture et le parjure de M. Ouattara (...) Dans ces circonstances, j'annonce que nous engagerons une étape nouvelle de notre combat pour la démocratie dans notre pays. Elle sera âpre mais nous la gagnerons sans aucun doute." Guillaume Soro a promis de dévoiler ses intentions le 17 septembre lors d'une conférence de presse en France.

"La spirale de l'exclusion"

"Le Conseil Constitutionnel a raté aujourd’hui l’occasion historique de marquer son indépendance : en acceptant la candidature du président sortant, manifestement inéligible, en refusant celles du président Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro, privés de leurs droits civiques pour de purs motifs d’opportunité politique", a déclaré dans un communiqué daté du 14 septembre 2020 Pascal Affi N'Guessan. "Je condamne avec la plus grande fermeté la spirale de l’exclusion dans laquelle s’enfonce la Côte d’Ivoire. Elle apparait être la manifestation la plus aboutie du caractère tyrannique du régime", a-t-il estimé. 

L'ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo a également affirmé avoir "une pensée particulière" pour l'ancien président, "victime depuis neuf années d’un acharnement judiciaire que ses auteurs espéraient destructeur pour l’homme et pour son combat".

Laurent Gbagbo, 75 ans, qui ne s'est encore jamais prononcé publiquement sur sa candidature, est toujours en liberté conditionnelle en Belgique, dans l'attente d'un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), qui l'a acquitté en première instance de l'accusation de crimes contre l'humanité.

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