Soudan : les milices paramilitaires de Hemetti maintiennent une répression sournoise
Avec six civils tués en trois jours au Soudan, dont un torturé auparavant au Darfour, des sources médicales dénoncent "la poursuite de la barbarie" par les hommes du numéro deux du Conseil militaire de transition.
En dépit d'un accord de transition ébauché entre les manifestants et le Conseil militaire à Khartoum, la répression est toujours à l'œuvre dans le pays. Les paramilitaires soudanais des redoutées Forces de soutien rapide (RSF) ont torturé et tué un civil le 15 juillet 2019 dans une ville du Darfour à l’ouest du pays, une région déjà ravagée par des années de guerre, a affirmé un comité de médecins proche de la contestation.
"Décédé des suites de tortures"
Accusé avec d'autres jeunes d'avoir volé un téléphone portable, "Mudathir Abdelrahman Hassan est décédé des suites des tortures infligées par des membres des milices Janjawids (RSF)" dans la ville d'Al-Dean, ont déclaré les médecins dans un communiqué publié sur Facebook.
Le mouvement de contestation lancé en décembre 2018 à la suite de la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, considère les RSF comme une émanation des milices arabes Janjawids, accusées d'exactions lors du conflit au Darfour qui a fait près de 300 000 morts depuis 2003 selon l'ONU.
Au cours des trois derniers jours, six civils ont été tués "par balles, écrasés par une voiture ou des suites de tortures, aux mains des milices Janjawids", selon le comité de médecins. Il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire d'un représentant des RSF dans l'immédiat, précise l’Agence France Presse.
Quatre personnes ont été tuées le jour même lors d'un accident impliquant un véhicule conduit par des RSF. Un civil avait été tué par balle la veille dans la ville d'Al-Souk dans l'Etat du Sennar (sud-est), après un rassemblement des habitants réclamant le départ des RSF de leur ville.
Poursuite de la barbarie des Janjawids
Dans la soirée, des rassemblements spontanés ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Khartoum, après la mort de cet homme. "La poursuite de la barbarie et l'altération du quotidien des civils par les milices Janjawids (RSF), associées au fait que ces milices ne sont tenues par aucune loi, ni éthique, prouvent que le Conseil militaire de transition protège ces milices", a déclaré le comité de médecins le 16 juillet.
Les manifestants et des ONG accusent les RSF d'être également à l'origine de la dispersion meurtrière du sit-in de la contestation installé dans le centre de Khartoum, le 3 juin. Cette opération avait fait 136 morts parmi les manifestants, selon les médecins.
Le chef des RSF, Mohamed Hamdan Daglo dit "Hemetti" qui est également l’homme fort du Conseil militaire de transition, a nié toute responsabilité dans la l'évacuation du campement, dénonçant une tentative de déformer l'image des paramilitaires.
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