Terrorisme au Sahel : mobilisation en faveur d'un effort militaire de toute l'Afrique
De plus en plus de voix s'élèvent en Afrique pour demander que le continent s'implique plus activement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
"Quand votre case brûle et que le pompier n’est pas encore là, il faut utiliser les moyens de bord pour éteindre le feu." Ainsi s’exprime Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine qui déplore "le déficit déconcertant de solidarité" de l'Afrique avec les Etats sahéliens menacés par les jihadistes. Au lendemain du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba qui a planché sur les conflits qui déchirent le continent, il espère que les Africains vont enfin se ressaisir et qu’ils vont faire enfin l’effort militaire nécessaire pour lutter plus efficacement contre le terrorisme.
"Il faut très rapidement réunir les ministres de la défense, les chefs d’Etat-major et réagir le plus rapidement possible. Je crois que c’est une question de volonté politique, si on veut réellement aujourd’hui déployer des forces africaines", a déclaré Moussa Faki Mahamat sur l’antenne de RFI.
"Pourquoi voulez-vous qu’un soldat du Bangladesh vienne mourir en Afrique" ?
En attendant la tenue d’un sommet extraordinaire sur la question de la lutte contre le terrorisme prévu au mois de mai, le président de la Commission de l’Union africaine a inauguré à Addis-Abeba le siège du Comité des Services de renseignement et de sécurité de l’Afrique. Il s’agit d’une plateforme commune de partage de renseignements qui devrait permettre aux pays africains de mieux répondre aux menaces à la paix et à la sécurité du continent.
Le temps presse, estime aussi le président guinéen Alpha Condé. Pour lui, il faut que le continent mette sur pied une armée africaine en bonne et due forme. Si nous ne nous mettons pas ensemble pour éteindre le feu, c’est tous nos Etats qui seront touchés, prévient-il.
Pourquoi voulez-vous qu'un soldat du Bangladesh vienne mourir en Afrique. S'il vient, c'est pour gagner de l'argent à dépenser dans son pays
Alpha Condé, président de la Guinéeà RFI
Le chef de l’Etat guinéen constate qu’il y a des Etats comme l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc ou l’Algérie qui sont déjà bien équipés. Ça peut être un point de départ si nous fournissons des troupes, explique-t-il. Ce que nous demandons à nos partenaires, "c’est de nous accompagner pour les renseignements et pour certains matériels", plaide le président Alpha Condé au micro de RFI.
"Il faut trouver des formules originales"
Devant les chefs d’Etat africains réunis à Addis-Abeba le 9 février 2020, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a rappelé que le continent a tapé à plusieurs portes pour solliciter des financements. Sans grands résultats. Il faut donc innover et trouver des formules originales pour sécuriser l’Afrique, suggère-t-il.
C'est aussi l'avis du président sénégalais, Macky Sall, qui reconnaît qu’il y a urgence. Il propose de demander au Fonds monétaire international (FMI) d’autoriser les pays africains à creuser leur déficit d’un point supplémentaire pour financer cet effort militaire. Ce qui reviendrait à récolter quelque 2,100 milliards de dollars pour combattre le terrorisme qui ravage plusieurs pays du continent. Il en sera sans doute question lors du sommet africain sur le terrorisme prévu au mois de mai en Afrique du Sud.
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