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Togo : l'opposant Agbéyomé Kodjo risque la prison pour s'être autoproclamé président de la République

L'opposant togolais est persuadé d'avoir remporté la présidentielle du 22 février 2020. Il avait déposé un recours qui a été rejeté par la Cour constitutionnelle. 

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Ancien Premier ministre du Togo, l'opposant Agbéyomé Kodjo est président du Mouvement des patriotes pour le développement et la démocratie. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

Après avoir brigué, sans succès, le fauteuil présidentiel lors du scrutin organisé le 22 février 2020, l'opposant togolais Agbéyomé Kodjo va-t-il passer par la case prison ? C'est la question que tout le monde se pose à Lomé, alors que l'Assemblée nationale togolaise vient de lui retirer son immunité parlementaire. Le procureur général peut désormais entamer contre lui des poursuites pénales. 

Que lui est-t-il reproché ? De s'être autoproclamé président de la République préalablement à la proclamation des résultats et d'avoir appelé la population et les forces armées togolaises à se mobiliser contre le pouvoir. "Ces propos et agissements rentrent dans les prévisions des dispositions pénales et reçoivent les qualifications de troubles aggravés à l'ordre public et d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", a affirmé le procureur.

"Qu'il collabore avec la justice"

Face aux réactions d'indignation suscitées par les menaces qui pèsent sur l'opposant Agbéyomé Kodjo, le pouvoir togolais a tenu à faire une mise au point. Non, notre objectif n'est pas de mettre en prison un opposant, affirme le ministre des Droits de l'Homme, Christian Trimua.

"Bien évidemment, l'arrestation et le placement en détention sont des élements de la procédure. Si monsieur Abgéyomé Kodjo collabore avec la justice et défère aux convocations du procureur de la République. S'il renonce à l'infraction qu'il est en train de commettre depuis la dernière élection présidentielle, il n'y a pas de raison de le placer en détention", a-t-il réagi sur l'antenne de RFI. Le ministre togolais précise néamoins que si le concerné resiste à la procédure judiciaire qui a été déclenchée, la justice utilisera toutes les voies légales pour le faire participer à la procédure de gré ou de force. 

Colère contre "les ennemis de la démocratie"

La colère gronde dans les rangs des partisants de l'opposant togolais. Pour l'archevêque émerite de Lomé, Mgr Phillippe Kpodzro, il s'agit d'une machination orchestrée par le pouvoir. Il n'a pas hésité à lancer un appel à la population qu'il a invitée à s'opposer "aux ennemis de la démocratie".

Je demande à la population d'entrer dans une résistance légale pour empêcher l'arrestation programmée de notre président démocratiquement élu, monsieur Agbéyomé Kodjo

Mgr Philippe Kpodzro, archevêque émerite de Lomé

Au cour d'une conférence de presse

Lors de la présidentielle du 22 février, l'opposant avait obtenu 19,46% des suffrages exprimés, contre 70,78% pour le président sortant Faure Gnassingbé, selon les résultats définitifs. Son recours en justice avait été rejeté par la Cour constitutionnelle qui a validé les résultats du scrutin et proclamé la victoire du président sortant réelu pour la quatrième fois depuis son arrivée au pouvoir en 2005.

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