Cet article date de plus de sept ans.

Zimbabwe: les autorités s'acharnent sur le pasteur dissident Evan Mawarire

Le désormais plus célèbre opposant zimbabwéen à Robert Mugabe a de nouveau séjourné en prison avant d'être libéré pour vice de forme, le 26 septembre 2017. Deux jours plus tôt, il était arrêté devant les fidèles, en plein service religieux. Son crime: avoir mis en ligne une vidéo montrant la situation économique désastreuse du pays, pourtant si riche en ressources naturelles, notamment minières.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le pasteur Evan Mawarire arrivant menotté au Palais de justice de Harare, en juin 2017. (Philimon BULAWAYO / REUTERS)

Le pasteur Evan Mawarire, dont l'éloquence fait mouche, est devenu le cauchemar du pouvoir zimbabwéen. Postée sur son compte Twitter, sa dernière vidéo incriminée (ci-dessous) montre de longues files d'attente de voitures devant des stations service en raison de la pénurie de carburant au Zimbabwe, pays qui souffre d'un manque de devises et d'une inflation galopante.
 
Une intervention en situation qui a exaspéré les représentants de l'Etat et provoqué l'arrestation du pasteur récalcitrant pour «acte de subversion contre un gouvernement constitutionnel». Mais, cette fois, l'empressement des autorités à empêcher l'opposant de parler leur a joué un tour.

La juge Elisha Singano de l'un des tribunaux de Harare a en effet décidé que le pasteur Mawarire devait être relâché sur le champ après que l'accusation eut mis du temps à le présenter devant elle, estimant que le ministère public «avait violé le délai obligatoire de 48 heures pour présenter une personne accusée».
 
Cependant, ce répit n'efface pas les charges qui s'accumulent contre l'opposant âgé de 40 ans.

Un rôle déterminant dans la grève historique de 2016
La veille de sa libération, il comparaissait devant la Haute Cour de Harare pour «tentative de renversement du gouvernement et incitation à l'émeute» après avoir participé, en juillet 2016, à l'organisation d'une grève paralysante et pacifique, qui avait bloqué les principales villes du pays, amenant le gouvernement à interdire les manifestation publiques.

Une grève qui avait d'autant mieux pris que l'économie du Zimbabwe est en voie d'effondrement depuis les années 2000 et que le quart des 16 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.

A la lecture des deux chefs d'accusation, passibles de 20 ans de prison, Evan Mawarire a plaidé non coupable.

Son mouvement #ThisFlag est devenu très populaire
Régulièrement arrêté depuis sa médiatisation début 2016 lorsqu'il se fait connaître à travers les réseaux sociaux et ses messages de revendications proches de ceux de l'homme de la rue, le pasteur, qui ne se réclame d'aucun parti, appuie là où ça fait mal pour la gestion du gouvernement en partageant son ras-le-bol en ligne.

Le pasteur Mawarire, le drapeau zimbabwéen autour du cou, a créé le mouvement #ThisFlag. (Siphiwe SIBEKO / REUTERS)

En voulant redonner à ses compatriotes la fierté d'être zimbabwéen, celui qui tente de gagner sa vie comme conférencier, s'approprie le drapeau national, le mettant en écharpe autour du cou, et fonde un mouvement baptisé #ThisFlag (Ce Drapeau). La vidéo de présentation à l'occasion du 36e anniversaire de l'indépendance du pays devient très vite virale.

Depuis ce jour, Evan Mawarire qui, inquiet pour sa vie, s'était exilé de juillet 2016 à février 2017, d'abord en Afrique du Sud puis aux Etats-Unis, ne cesse d'être l'objet de poursuites de la part des autorités zimbabwéennes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.