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Présidentielle au Gabon : ce que l'on sait des violences qui ont suivi la réélection d'Ali Bongo

Le Gabon est entré en crise après la proclamation de la victoire à l'élection présidentielle, mercredi, du président sortant Ali Bongo, devant son rival Jean Ping. 

Article rédigé par franceinfo
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Un manifestant anti-Bongo se tient à Libreville (Gabon) devant les forces de l'ordre, le 31 août 2016. (MARCO LONGARI / AFP)

Au Gabon, la capitale, Libreville, était bouclée jeudi après les émeutes post-électorales qui ont éclaté mercredi soir. Il y aurait au moins deux morts, selon l'opposition tandis que le pouvoir affirme avoir arrêté 200 pillards. Les heurts ont eu lieu après l'annonce de la victoire controversée à la présidentielle d'Ali Bongo, mercredi 31 août. Les opposants accusent le président sortant de fraude et de poursuivre la dynastie installée par son père, président du Gabon pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009. Ali Bongo lui avait succédé la même année.

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Franceinfo tente de faire le point sur la situation alors que l'accès à internet a été coupé dans le pays, rendant plus difficile la diffusion de l'information.

Quel est le bilan des violences ?

En début de matinée, le centre de Libreville était désert et totalement bouclé par la police et des blindés de la gendarmerie. Des scènes de pillages, sans violences, étaient rapportées dans des quartiers périphériques et les communications téléphoniques et internet ont été coupés. Les autorités affirment avoir arrêté 200 pillards.

Tout affrontement était apparemment terminé, mais les forces de l'ordre continuaient de procéder à des arrestations aux abords du QG de campagne de Jean Ping. On ignore en revanche où le principal adversaire d'Ali Bongo a trouvé refuge. "Il y a deux morts et plusieurs blessés de source sûre", a déclaré le candidat malheureux en évoquant un premier bilan, accusant les forces de sécurité d'empêcher de secours de prendre en charge les blessés. 

Après l'annonce mercredi soir des résultats du scrutin, des milliers d'opposants sont massivement descendus dans les rues de Libreville pour contester la victoire d'Ali Bongo. Des échauffourées ont rapidement éclaté en ville.

L'Assemblée nationale en feu à Libreville (Gabon), le 31 août 2016. (MARCO LONGARI / AFP)

Devant le siège de la commission électorale, les manifestants ont été repoussés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre. Mais malgré le dispositif d'ampleur des forces de l'ordre, avec des barrages à intervalles réguliers et des patrouilles incessantes de policiers et soldats lourdement armés, l'Assemblée nationale a été incendiée.

L'accès aux informations est rendu plus difficile parce que les autorités ont coupé totalement l'accès à Internet, selon Numerama, pour "tenter de désorganiser les appels aux rassemblements, et d’éviter la propagation d’informations qui peuvent ajouter de l’huile sur le feu".

Quelle est l'origine des violences ?

Le président sortant Ali Bongo a été déclaré vainqueur des élections présidentielles, mercredi 31 août, avec 49,80% des voix devant son concurrent Jean Ping (48,23%), lors de l'unique tour du scrutin. Une victoire qui s'est joué sur un écart marginal de moins de 6 000 voix entre les deux prétendants. 

Mais dès l'annonce des résultats, Jean Ping a contesté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, le fief familial d'Ali Bongo. En cause : des suspicions de fraude, car le président sortant y aurait obtenu 95,46% des voix pour quasiment 100% de participation. 

"M. Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l'Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage, bureau par bureau, devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin", avait indiqué son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

De son côté, Ali Bongo s'est félicité d'une élection "exemplaire", "dans la paix et la transparence".

Quelle est la position de la communauté internationale ?

Ex-puissance coloniale, la France a demandé la publication des résultats des quelque 2 500 bureaux de vote du Gabon, en reconnaissant qu'un "doute" s'était installé. 

Le ministre des Affaires étrangères français a demandé l'arrêt des violences "Les événements de la nuit à Libreville suscitent ma plus vive préoccupation. Dans le cadre d'un processus électoral, il n'y a aucune place pour la violence", a déclaré Jean-Marc Ayrault dans un communiqué, en appelant "toutes les parties à la plus grande retenue, afin d'éviter de nouvelles victimes". 

François Hollande a appelé jeudi "toutes les parties à la retenue et à l'apaisement" au Gabon et demandé "un processus garantissant la transparence".

Mais la France, qui dispose au Gabon de 450 hommes, n'entend pas intervenir dans le conflit. "C'est une affaire interne gabonaise", a déclaré jeudi le colonel Patrik Steiger, porte-parole du chef d'état major des armées françaises, lors d'un point presse à Paris .

De son côté, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a qualifié jeudi la situation post-électorale au Gabon de "crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme".

Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d'éviter l'embrasement du pays. 

Frederica Mogherini

AFP

Quels conseils pour les ressortissants français?

A la suite des violences qui ont eu lieu, le ministère français des Affaires étrangères a ouvert jeudi matin une cellule de crise pour répondre à l'inquiétude des 10.000 ressortissants français, qu'ils soient résidents ou de passage.

Le numéro à composer pour joindre la cellule de crise est le suivant: 01 43 17 55 95. Le ministère des Affaires étrangères recommande aux Français de reporter tout projet de voyage au Gabon, et demande aux ressortissants français sur place de rester à leur domicile et d'observer les consignes de prudence. Les Français qui sont de passage au Gabon sont priés de s'inscrire sur le site internet Ariane, ou auprès des services consulaires de la République Française.

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