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RDC: Joseph Kabila fait face à la première crise politique post-Tshisekedi

Des rues pratiquement désertes, des commerces fermés, des transports en commun presque inexistants, Kinshasa offrait, lundi 10 avril, l’image d’une ville morte. Mais les Kinois appelés à manifester par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ont préféré se terrer chez eux «pour éviter de se faire tuer ou blesser».
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président congolais Joseph Kabila lors de son discours à la nation au Palais du peuple, le 5 avril 2017, à Kinshasa.

La trêve observée depuis trois mois par les frères ennemis congolais reposait sur l’accord signé entre le pouvoir et l’opposition le 31 décembre 2016 sous l’égide de l’église catholique.
 
Cet accord prévoyait le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila dont le mandat a pris fin le 29 décembre 2016, jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur qui doit être élu fin 2017.
 
En échange, un Premier ministre issu de l’opposition devait être nommé pour piloter la transition. Un poste que briguait officiellement Félix Tshisekedi, le fils de l’ancien opposant historique, Etienne Tshisekedi, décédé en Février.
 
Le président Joseph Kabila lui a préféré un dissident de son propre parti. Bruno Tshibala, nommé par ordonnance le 7 avril, est un ancien compagnon d’Etienne Tshisekedi. Mais il est entré en dissidence avec la nouvelle direction de l’UDPS dont il a été exclu. 


Félix Tshisekedi accuse le président Kabila d’être «le principal obstacle au processus démocratique». Il a aussitôt décrété la mobilisation générale pour faire plier le pouvoir de Kinshasa.

Bruno Tshibala est un ancien compagnon d'Etienne Tshisekedi. Sa nomination au poste de Premier ministre est contesté par le parti de l'ancien opposant historique (UDPS) dont il a été exclu. (Photo AFP/Junior D.Kannah)


Le nouveau Premier ministre appelle l’opposition à l’unité. Il affirme vouloir travailler avec tout le monde. Mais il est contesté par une large partie de l’opposition qui dénonce «un schéma putschiste du pouvoir».
 
«La ligne rouge est franchie», fait remarquer l’opposant Moïse Katumbi. Pour lui, Joseph Kabila n’a pas respecté l’esprit et la lettre de l’accord du 31 décembre 2016.
 

Depuis le Maroc où il séjourne, l’opposant en exil a lancé un appel aux Congolais pour «mettre un terme à la dictature sanguinaire de Joseph Kabila. Le Congo est notre patrimoine à tous et n’appartient pas à un seul homme. Nous avons le devoir de le protéger et de combattre ceux qui veulent se l’approprier», estime l’ancien gouverneur du Katanga qui annonce des actions jusqu’au 24 avril.
 
La presse redoute une confrontation sanglante
A Kinshasa, le porte-parole de la police congolaise a mis en garde ceux qui tenteront d’organiser toute manifestation publique à caractère politique non autorisée.
 
«Toute incitation de la population à la désobéissance civile et toute instrumentalisation de la jeunesse est prohibée. Les unités des forces armées ont été appelées en renfort pour prêter main forte à l’action de la police et donner force à la loi» a prévenu le Colonel Pierrot Mwana Mputu, cité par Radio Okapi.
 
La presse congolaise redoute que le pays plonge définitivement dans une confrontation sanglante.Vers quel horizon se dirige la RDC maintenant?,  interroge le journal La prospérité. «Avec la crise économique et sécuritaire actuelle, il n’y a plus de place pour une impasse politique. Le Congo-Kinshasa doit mettre le cap vers les élections», écrit le journal.
 
Depuis Kinshasa, le président du Rassemblement de l’opposition, Félix Tshisekedi a sollicité les bons offices du Secrétaire Général de l’ONU  pour trouver une solution pacifique à la crise.
 

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