Génocide au Rwanda : une historienne controversée se retire de la commission sur le rôle de la France
Plusieurs chercheurs et universitaires ont dénoncé ces dernières semaines le "parti pris" d'un texte de Julie d'Andurain concernant l'action des forces françaises au Rwanda.
Au sein de la communauté scientifique, on n'hésitait pas à parler de "l'affaire Julie d'Andurain". L'historienne militaire, membre de la commission chargée de faire la lumière sur le rôle de la France au Rwanda lors du génocide de 1994, est accusée de parti pris. La commission a annoncé samedi 14 novembre dans un bref communiqué qu'elle avait "pris acte" de "la décision" de l'universitaire française de "se mettre en retrait" des travaux.
Polémique après un article du "Canard enchaîné"
D'après le communiqué, cette décision a été prise le 25 août, mais n'a été rendue publique que près de trois mois plus tard. L'annonce survient après la parution fin octobre d'un article du Canard enchaîné qui a déclenché la polémique. L'hebdomadaire a exhumé un texte de l'historienne sur l'opération Turquoise lancée par la France au Rwanda de juin à août 1994. La professeure y estimait notamment que "l'histoire rendrait raison" au bilan de cette opération controversée.
Après la publication de l'article du Canard enchaîné, plusieurs chercheurs et universitaires avaient dénoncé les "erreurs", le "parti pris", voire le "négationnisme" du texte de Julie d'Andurain. Ils avaient estimé qu'il discréditait le travail de la commission.
Le rapport attendu début avril
"Cette mise en retrait volontaire signifie que madame d'Andurain ne consulte plus d'archives, qu'elle ne participe plus aux réunions d'équipe et qu'elle ne contribue pas à la rédaction du rapport", a expliqué à l'AFP l'historien Vincent Duclert qui préside la commission. "Le rapport sera remis le 5 avril au président Macron, lequel le rendra aussitôt public avec l'intégralité des sources in extenso, comme cela a toujours été décidé et annoncé", a assuré le haut fonctionnaire.
Mise en place en avril 2019 par Emmanuel Macron, cette commission indépendante de 15 membres doit examiner les archives françaises relatives à l'implication politico-militaire de Paris au Rwanda entre 1990 et 1994. Le chef de l'Etat s'était engagé à cet accès facilité à de tels documents, en mai 2018, lorsqu'il avait reçu le président rwandais Paul Kagame à l'Elysée.
Les zones d'ombre sur le rôle de la France dans le génocide rwandais empoisonnent les relations entre Paris et Kigali depuis plus de 25 ans. Parmi les points les plus disputés figurent l'ampleur de l'assistance militaire apportée par la France au régime du président Habyarimana de 1990 à 1994, ainsi que les circonstances de l'attentat qui a coûté la vie au chef d'Etat, le 6 avril 1994, et déclenché le génocide.
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