Sénégal : l'Union africaine tente la médiation à la veille du scrutin
L'Union africaine a proposé que le président sortant, Abdoulaye Wade, s'il est réélu, quitte le pouvoir au bout de deux ans.
Pour mettre fin aux violences au Sénégal, à la veille du premier tour de la présidentielle, l'Union africaine milite en faveur du compromis. Elle a proposé samedi 25 février une "feuille de route" prévoyant que le président sortant, Abdoulaye Wade, 85 ans, dont la candidature est contestée, quitte le pouvoir dans deux ans s'il est réélu.
La proposition vient de l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission d'observation de l'UA et de la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et tend à apaiser les esprits alors que le vote de dimanche s'annonce tendu. "Reste à savoir quelles garanties nous aurons pour qu'il parte effectivement dans deux ans, a souligné Abdoul Aziz Diop, un responsable du Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile. La durée du nouveau mandat présidentiel étant de sept ans.
"Nous avons toujours dit que nous étions prêts à la discussion pour qu'il y ait des élections libres et transparentes (...). Nous sommes disposés à discuter de toutes les questions", a répondu le porte-parole de la présidence sénégalaise, Serigne Mbacké Ndiaye, interrogé sur la radio sénégalaise RFM.
La consigne de vote : "tout sauf Wade"
Le M23 n'a pas encore donné de réponse officielle à cette "feuille de route", dans l'attente de consulter ses nombreuses composantes. "Notre souhait demeure que Abdoulaye Wade perde la présidentielle dimanche. La consigne du M23, c'est que les Sénégalais aillent voter massivement en ignorant le bulletin de vote du candidat de trop, tout en veillant à la régularité du scrutin", a souligné Abdoul Aziz Diop. Le collectif de jeunes "Y'en a marre" a aussi appelé de son côté à "aller voter massivement", sans donner d'autre consigne que "tout sauf Wade".
La nouvelle candidature de M. Wade est jugée "illégale" par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
Les violences liées à la candidature d'Abdoulaye Wade ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de "15 morts, 539 blessés". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en visite en Zambie, a témoigné de son inquiétude à la veille du scrutin. "J'espère sincèrement que ces élections auront lieu de manière pacifique et transparente, afin que la volonté du peuple soit respectée. Nous suivons de près l'évolution de la situation au Sénégal et ce qui se passe la-bas nous inquiète", a-t-il déclaré.
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