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Coronavirus : au Sénégal, le "panier de la ménagère" offre aux plus démunis les stocks générés par la crise

La crise du coronavirus perturbe la circulation des marchandises. L'opération aide les petits agriculteurs locaux à écouler leurs invendus, au profit des plus pauvres.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un agent municipal préposé à la distribution de savon et de riz destinés aux habitants de Dakar, au Sénégal, attend l'arrivée des bénéficiaires, le 10 avril 2020. (SEYLLOU / AFP)

Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays, les déplacements sont réduits – parfois tout à fait interdits – et un couvre-feu est appliqué à l'ensemble du territoire. Si l'épidémie de Covid-19 menace les populations, elle désorganise aussi toute l'économie, y compris dans sa forme la plus élémentaire qui est de s'alimenter. Certes, les marchés restent ouverts, mais leur approvisionnement est variable et leur fonctionnement perturbé par les nombreuses opérations de désinfection.

Les conséquences sont déjà très lourdes, en particulier pour les petits agriculteurs qui peinent à écouler leurs marchandises. Selon le représentant de la FAO au Sénégal, Gouantoueu Robert Guei, les stocks s'accumulent."Près d'un million de poulets, près de 18 000 tonnes de produits maraîchers composés d’oignons (13 000 tonnes), de pommes de terre (4 000 tonnes), de choux (550 tonnes) et de carottes (566 tonnes) sont en souffrance du fait des difficultés d’accès aux marchés." Les éleveurs ne sont pas mieux lotis, qui ne peuvent pas écouler le lait.

Réduire le gâchis

Un gâchis alors que dans le même temps, certains ont des difficultés à se nourrir. L'objectif de l'opération "panier de la ménagère" est donc double. Permettre aux petits agriculteurs de vendre leur production, en fournissant aux ménages les plus démunis des produits alimentaires "diversifiés et nutritifs". La composition du panier peut varier en fonction des régions : riz ou mil, poisson, volailles, légumes... L'opération devrait bénéficier à 3 400 ménages, soit au moins 5 000 enfants de moins de cinq ans.

Dans le même temps, 5 800 producteurs toucheront un revenu. "Nous allons aider les petits producteurs touchés par les perturbations des échanges, surtout les femmes, à vendre leurs produits, à gagner assez d'argent et à se préparer à l'ensemencement. Et nous allons distribuer de l'argent comptant et des coupons aux éleveurs afin qu'ils puissent nourrir leurs animaux et réduire les pertes et les gaspillages"explique la FAO.

Des revenus pour assurer les cultures

Car il faut aussi prévoir l'après. L'absence de revenus met en péril les mises en culture qui doivent avoir lieu, faute d'argent pour payer les semences. Tout cela a un coût. Le montant du programme s'élève à 450 millions de francs CFA (686 000 euros) assuré par la FAO, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes). Mais pour l'heure, aucune précision n'a été donnée quant aux modalités d'attribution de ces aides, ni sur la collecte des denrées.

De son côté, le gouvernement du Sénégal a débloqué un fonds de solidarité pour l'ensemble des secteurs économiques d'un montant de 1 000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d'euros), 50 milliards (76 millions d'euros) étant consacrés à l'aide alimentaire d'urgence. Une aide qui est déjà distribuée.

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