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Des djihadistes sénégalais appellent à la guerre sainte
900 personnes interpellées en trois jours, des saisies de véhicules et de drogue. La police sénégalaise est sur les dents. Dakar a annoncé la mise en place d’une «cellule de lutte anti-terroriste». Les gérants d’hôtels ont été priés de sécuriser leurs établissements pour prévenir «la menace terroriste». En toile de fond, des Sénégalais reconvertis en djihadistes ont investi les réseaux sociaux.
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Il prétend s’exprimer depuis la Libye. Plus précisément depuis la ville de Syrte, sous contrôle de l’organisation de l’Etat islamique. Son nom : Sadio Gassama, 25 ans. Il a brutalement interrompu ses études de médecine à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pour rejoindre les terres du djihad il y a quatre mois.
Dans une interview accordée au site Senenews, Sadio Gassama jure qu’il ne retournera jamais au Sénégal si ce n’est pour y imposer la charia : «Le Sénégal doit être conquis et islamisé. Pour nous, un pays qui n’applique pas la charia, on doit lui déclarer la guerre», affirme celui qui se présente comme «médecin djihadiste».
Est-il vrai que des pays musulmans comme le Sénégal pourraient être des cibles d’attentats?, lui demande Senenews. «Bien sûr», répond sans hésiter Sadio Gassama qui accuse le président Macky Sall d’être «l’un des pions qui mènent la lutte contre l’islam». Les Sénégalais convertis djihadistes lui reprochent d'avoir interdit le port de la burka.
Les réseaux sociaux bruissent de nombreux appels au djihad
Sadio Gassama, Abou Jafar Diop, Abdourahmane Mendy, Abu Khalid… Ils sont de plus en plus nombreux à s’afficher fièrement comme sénégalais reconvertis en djihadistes.
Sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent pas à lancer des appels au djihad et à poser fièrement avec leurs fusils d'assaut.
Le péril islamiste est bien présent
Le Sénégal sera un jour frappé par le terrorisme, prévient le journaliste sénégalais Madiambal Diagne. Selon lui, les autorités publiques «ont longtemps feint d’ignorer cette menace et n’avaient pas écouté les alertes et mises en garde que de nombreux services étrangers avaient faites à l’endroit du Sénégal».
Il fait remarquer que «les mosquées financées et soutenues par des milieux salafistes pullulent au Sénégal» et que des articles de la presse ont déjà été consacrés à «des prêches enflammés et inquiétants de certains imams».
Dans un pays réputé pour sa pratique d’un islam modéré et tolérant, les autorités ont longtemps hésité à toucher à des imams de peur d’être accusés de mener une croisade contre l’islam, constate le journaliste sénégalais.
Opération de prévention du terrorisme religieux
Aujourd’hui, les choses ont totalement changé. Depuis octobre 2015, les coups de filet se sont multipliés dans le cadre d’une opération de prévention du terrorisme religieux.
Des imams et leurs proches soupçonnés de liens avec le terrorisme ont été arrêtés et placés en détention provisoire dans plusieurs villes du Sénégal. Le président Macky Sall a appelé les sociétés civiles à être à la pointe du combat contre la propagande djihadiste.
«Nous ne pouvons pas accepter que des modèles qui nous viennent de je ne sais où soient imposés en Afrique... Nous devons le refuser en tant que Africains», a déclaré le chef de l’Etat sénégalais.
Le combat contre le péril islamiste devrait s’intensifier au lendemain des attentats terroristes qui ont endeuillé Ouagadougou au Burkina Faso. Et dont l’onde de choc a été ressentie jusqu’au Sénégal et dans toute la sous région.
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