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Reportage "Il faut que Macky Sall sache que le pays ne lui appartient pas !" : le Sénégal embrasé après la condamnation du principal opposant au président

Journée de tension vendredi au Sénégal, au lendemain de la condamnation à deux ans de prison de l’opposant politique Ousmane Sonko, La perspective de son arrestation alarme notamment les jeunes Dakarois qui le soutiennent en vue de la présidentielle de 2024.
Article rédigé par franceinfo - Théa Ollivier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La jeunesse sénégalaise s'oppose à l'arrestation de son candidat, l'opposant Ousmane Sonko, condamné à deux ans de prison ferme le 1er juin 2023, soit près d'un an avant le scrutin présidentiel. (JOHN WESSELS / AFP)

Dans le quartier populaire HLM Grand Yoff, l'une des 19 communes d'arrondissement de Dakar, la capitale sénégalaise, des jeunes passent avec des sacs de denrées alimentaires pillées dans le supermarché d’à côté. La moitié de la population du Sénégal, (18 millions d'habitants), est âgée de moins de 18 ans. Au bout de la rue, les manifestants s’opposent aux forces de l’ordre qui ripostent avec des gaz lacrymogènes.

>> Sénégal : ce que l'on sait des violences survenues après la condamnation de l'opposant politique Ousmane Sonko

"Il faut que le président cède, estime Amadou Ndiaye, un riverain inquiet. Libérer Sonko, c’est mieux pour qu’au moins tout se calme,. C’est la meilleure solution". Les appels à l'arrêt des violences se sont succédé vendredi au Sénégal et à l'étranger après la condamnation jeudi à deux ans de prison ferme d’Ousmane Sonko, personnalité antisystème, populaire parmi les jeunes et dans les milieux modestes et principal opposant du président Macky Sall pour la présidentielle de 2024.

"J’ai trop peur ! Actuellement tout est fermé. Personne ne travaille."

Amadou Ndiaye, un habitant de Grand Yoff

à franceinfo 

Amadou Ndiaye se demande combien de jours les troubles vont durer. "Si ça continue comme ça, ça peut dégénérer", s'alarme-t-il. Le fait est que le Sénégal, réputé comme un rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, est confronté à l'opposition musclée de ceux qui redoutent l’arrestation d’Ousmane Sonko. Acquitté des charges de viols et menaces de mort, il a en revanche été condamné pour avoir poussé à la "débauche" la jeune femme de moins de 21 ans qui l’accusait. Une condamnation qui, au vu du code électoral, pourrait entraîner son inéligibilité et faire les affaires de Macky Sall. L’opposant dénonce d’ailleurs un complot du pouvoir en place. 15 personnes sont mortes jeudi, selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur. Des heurts épars ont encore été signalés vendredi dans la capitale et en Casamance, à Cap Skirring, une station balnéaire, faisant une dixième victime, selon le porte-parole du gouvernement. 

Wally, marié et père de trois enfants, manifeste pour s’opposer à l’éventuelle candidature à un troisième mandat du président Macky Sall lors de l’élection présidentielle de février 2024. "Les gens sont fatigués, explique-t-il. Il faut que Macky Sall sache que le pays ne lui appartient pas ! On en a marre."

"On suggère à Macky Sall de ne pas se présenter à un troisième mandat. Qu’il libère Sonko et les autres détenus ! Qu’il aille en compétition et que le meilleur gagne !"

Wally, un manifestant

à franceinfo 

Pour Abderrahmane Dembélé, sympathisant du parti présidentiel, la solution est pourtant aussi dans le renoncement de Macky Sall à un troisième mandat. "Ça fait quatre ou cinq jours qu’on n‘arrive pas à travailler, s’irrite-t-il. On ne veut pas les problèmes, on veut la paix, on veut le dialogue."

À part les points de tension d’où partent de hautes fumées noires, le reste de Dakar est déserté, les écoles et l’université sont fermées et les boutiques ont baissé leurs rideaux. Le gouvernement a restreint les accès aux réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp ou Twitter pour faire cesser, selon lui, "la diffusion de messages haineux et subversifs".

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