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Sénégal : 140 pêcheurs disparaissent en mer chaque année

Greenpeace Afrique alerte l'opinion publique quant au sort des pêcheurs du Sénégal. Des centaines d'entre eux disparaissent en mer chaque année, faute d'un matériel adapté à une zone de pêche de plus en plus éloignée du littoral. La ressource se fait rare, et il faut prendre de plus en plus de risque pour vivre.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pirogues de pêche à St Louis du Sénégal. (Wikicommons)

226 disparus en mer en deux ans. La pêche artisanale sénégalaise paye un très lourd tribut à l’océan. Pire, ce chiffre n’est pas un bilan officiel. Il ne tient pas compte du  nombre, inconnu, de pêcheurs non immatriculés qui meurent en mer. Car la pêche est un secteur informel. Les pêcheurs ne préviennent pas quand ils sortent en mer.

Le dernier rapport publié par la direction de la Surveillance et de la Protection des Pêches du Sénégal (DPSP) montre une hausse des accidents de 63% en 2017, par rapport à l’année précédente. Les 92 accidents en mer ont fait 140 victimes dont une bonne part de pêcheurs artisanaux.
Greenpeace Afrique tire aujourd’hui la sirène d’alarme à travers un film de dix minutes, composé de témoignages de proches de disparus en mer.
 
Les causes
Autrefois abondante, la ressource halieutique a fondu. En cause, la surpêche industrielle.
Aujourd’hui, le long des 700 km de côtes du Sénégal, 20.000 pirogues et 160 navires industriels se disputent les captures. Pour les 600.000 pêcheurs officiellement répertoriés, le poisson se fait rare. 500.000 tonnes sont extraites chaque année, plus de 50% des stocks seraient surexploités, selon le site Reporterre.



«Maintenant, ces pêcheurs doivent aller très loin en mer en risquant leur vie pour attraper le poisson qui est devenu hors de portée» explique Ibrahima Cissé, le responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique. Les pirogues traditionnelles sont en effet peu adaptées à la haute mer. Les pêcheurs ne disposent d’aucun moyen de sauvetage. Pas même un modeste gilet. Il faudrait aussi installer des appareils de localisation. Greenpeace demande que les pouvoirs publics s’impliquent d’avantage pour aider la filière. Il faut l’équiper en matériel de repérage, et l’aider à construire une flottille mieux adaptée à la haute mer.

Au large
Le site du journal canadien Le Devoir rapporte le tragique naufrage d’une pirogue de 12 hommes partie pêcher au large de la Gambie en févier 2018. A cette occasion, un pêcheur témoigne :
«Il faut qu’on aille toujours plus loin pour faire des prises, ce qui nous coûte jusqu’à 100 000 francs CFA (152 euros) de carburant par sortie. Alors, ils ont surchargé leur bateau de poisson, pour rentabiliser leur voyage.»

Les fortunes de mer ne se limitent pas aux collisions ou aux voies d’eau. Les pêcheurs doivent aussi composer avec les accords internationaux sur les zones de pêche. En février 2018, un pêcheur a été tué par des garde-côtes mauritaniens alors qu’il se trouvait en pêche dans les eaux de la Mauritanie, car il n’y a pas d’accord entre les deux pays.

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