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Afrique du Sud: de l’eau contre du sexe, les femmes victimes de la corruption
La corruption prend bien des formes et n’affecte pas les hommes et les femmes de la même façon. Dans certains pays comme l’Afrique du Sud, la fourniture en eau est liée au sexe. On appelle cela la «sextorsion». Ou comment vendre son corps contre un bien fondamental.
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La femme est la première responsable de l’approvisionnement en eau du foyer. Car pour la cuisine, l’hygiène et même le jardinage, donc une partie de l’alimentation, il faut de l’eau. Sa place est fondamentale dans la famille. Et dans ce rôle de responsable, la femme est la première victime de la corruption qui sévit dans le secteur de la gestion du précieux liquide.
Ainsi, elles sont particulièrement les cibles de ce qu’on appelle la «sextorsion», à savoir offrir, en échange d’un service, des faveurs sexuelles. Le terme est employé par l’International Association of Women Judges (IAWJ). La «sextorsion» n’implique pas forcément une relation sexuelle, mais peut se limiter à poser pour des photos.
Une enquête a été menée en Colombie et en Afrique du Sud. A Johannesburg (tout comme à Bogota), confirme l’enquête, les femmes revendiquent la gestion et la fourniture de l'eau du foyer. En cas de rupture de cette fourniture, les femmes doivent se rendre à l’extérieur en chercher, et se trouvent alors sous la menace d’agresseurs.
Paiement en nature
De ce qu’il ressort de l’enquête, les «sextorsions» sont monnaie courante à Johannesburg et ne se limitent pas à l’eau courante. Elles concernent de nombreuses situations où une femme a besoin d’un accès à une ressource ou à un service.
Dans son rôle de responsable de la fourniture d’eau pour le foyer, la femme peut affronter des demandes non désirées. L’une des femmes interrogées reconnaissait que incapable de payer la facture, faute d’argent pour graisser la patte à l’agent des eaux, «il abusera sexuellement de moi car c’est la seule chose que je peux lui donner.»
La Johannesburg Water Compagny est un service public qui fournit l’eau de la première ville du pays. Ici, la loi donne à tous les citoyens le droit d’avoir accès à une fourniture suffisante d’eau potable. Le quota est fixé à 25 litres par jour et par personne. Un quota qui coûte trop cher ou est insuffisant. Ou est les deux à la fois.
Attention à ne pas voir dans cette relation un privilège des femmes, écrivent les auteurs du rapport. «Les abus sexuels sont une expression du pouvoir et l’un des moyens par lesquels l’autorité est mal utilisée à des fins personnelles».
Ainsi le sexe est utilisé pour autoriser la connexion au réseau d’un domicile. Il s’échangera aussi contre une lecture falsifiée du compteur, etc.
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